La Chine doit dépenser plus pour soutenir sa croissance, selon la Banque mondiale

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é de produits alimentaires, le 23 mai 2012 à Shanghai (Photo : Peter Parks)

[23/05/2012 07:18:42] PEKIN (AFP) La croissance de la Chine va décélérer cette année, contraignant ses dirigeants à augmenter leurs dépenses budgétaires pour prévenir un ralentissement brutal, a estimé mercredi la Banque mondiale, qui souligne le rôle moteur de la région Asie-Pacifique pour le monde entier.

Ces dépenses permettront de compenser les difficultés rencontrées par les exportateurs chinois sur leurs principaux marchés, Europe en tête, selon un rapport semestriel de l’institution consacré aux économies émergentes d’Asie.

“Le défi à court terme pour la Chine est de soutenir l’économie pour parvenir à un atterrissage en douceur”, d’après la Banque qui prédit une croissance de 8,2% en 2012 pour la deuxième économie mondiale, contre 9,2% en 2011 et 10,4% en 2010.

“Tandis que la probabilité d’un ralentissement graduel reste élevée, des inquiétudes se font jour sur une croissance qui ralentirait trop vite. Toutefois, des marges de manoeuvre suffisantes existent pour répondre à ce risque”, estime l’organisation chargée de soutenir les pays en développement.

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éjeuner dans une rue de Shanghai, le 23 mai 2012 (Photo : Peter Parks)

“Une poursuite du ralentissement de la demande (dans les pays à revenus élevés) va se transmettre rapidement aux chaînes de production et de commercialisation en Asie orientale, où la Chine occupe une position centrale”, prévient la BM.

En Chine même, “le principal risque interne vient de la poursuite de la correction sur le marché immobilier chinois, quand bien même cet ajustement est resté jusqu’à présent graduel et ordonné”, analyse le rapport.

Les inquiétudes concernant la santé de l’économie chinoise ont été ravivées par de mauvais indicateurs économiques publiés par Pékin pour le mois d’avril.

La croissance de la production industrielle, des importations, des exportations, des investissements en capitaux fixes ainsi que le volume des nouveaux prêts ont tous diminué le mois dernier.

Depuis, la banque centrale chinoise a annoncé une baisse des réserves obligatoires des banques, augmentant ainsi les sommes d’argent qu’elles peuvent prêter.

Le gouvernement chinois a arrêté pour cette année un objectif de croissance de 7,5% du Produit intérieur brut (PIB), afin de prévenir une augmentation du chômage et d’éviter les troubles sociaux.

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Des vendeurs ambulants dans une rue de Shanghai, le 23 mai 2012 (Photo : Peter Parks)

Tout en encourageant le gouvernement chinois à des dépenses budgétaires supplémentaires, la Banque mondiale met en garde contre des investissements massifs dans les infrastructures qui avaient caractérisé la réponse de Pékin à la crise financière de 2008, et provoqué de l’inflation.

“Des mesures budgétaires pour soutenir la consommation, comme des baisses d’impôts, des dépenses de protection sociale et d’autres mesures sociales devraient être considérées comme prioritaires”, selon le rapport.

Une croissance moins élevée en Chine pèsera sur l’ensemble des économies en développement de la région Asie-Pacifique pour lesquelles la Banque mondiale prévoit une croissance de 7,6% en 2012, contre 8,2% en 2011.

Les exportateurs de matières premières dans la région ont connu un boom en 2011 mais pourraient se montrer vulnérables si le ralentissement chinois est plus fort que prévu, provoquant une chute des cours.

“Clairement, l’émergence de la Chine et sa rapide croissance économique ont été un facteur de la hausse des prix des matières premières”, a souligné Bert Hofman, économiste en chef de la BM pour l’Asie orientale, lors d’un point de presse à Pékin.

La Banque mondiale estime néanmoins que dans l’ensemble, la région Asie-Pacifique est bien armée face à la nouvelle volatilité des marchés mondiaux.

“Dans un monde où la croissance est hésitante dans la plupart des régions, l’Asie de l’Est et le Pacifique constituent un pôle de lumière. C’est une région qui va bien, est encore en croissance, et qui suscite beaucoup d’espoir”, a déclaré Pamela Cox, vice-présidente de la BM pour l’Asie-Pacifique.

“C’est une région qui résiste à l’Europe. L’Europe est un nuage à l’horizon, mais il ne pleut pas encore à verse sur l’Asie orientale”, a-t-elle ajouté.

M. Hofman a toutefois estimé que “des risques émanant de l’Europe pourraient affecter la région à travers des circuits commerciaux et financiers”.