à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka) |
[23/05/2012 11:20:44] TOKYO (AFP) Le comité de politique monétaire de la Banque centrale du Japon (BoJ) s’est abstenu mercredi d’élargir son éventail de mesures monétaires destinées à affronter la mauvaise conjoncture, mais son gouverneur s’est dit préoccupé par la situation européenne et le ralentissement subséquent en Chine.
Au terme d’une réunion régulière de deux jours, les membres de la BoJ ont voté à l’unanimité le maintien du taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0,0% à 0,1%, ce qui revient à encourager un taux nul.
Ils ont en revanche jugé inutile à ce stade l’ajout de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire à un dispositif déjà important.
Depuis la crise financière internationale de 2008-2009, l’institut a mis en place une large batterie de moyens non conventionnels afin de calmer les tensions sur les marchés et de donner un coup de pouce à l’activité, encore freinée par les catastrophes naturelles de 2011 et la dégradation de l’environnement mondial.
La BoJ procède à des achats d’obligations d’Etat et d’entreprises ainsi que d’autres titres financiers et consent des prêts à taux préférentiel aux banques pour que ces dernières en fassent bénéficier les entreprises et particuliers, les incitant ainsi à investir.
La banque avait en outre déjà pris des dispositions complémentaires fin avril en augmentant de 5.000 milliards de yens (près de 50 milliards d’euros) le montant consacré à l’acquisition d’actifs divers, hissant ainsi le total à 70.000 milliards de yens (690 milliards d’euros), ce qu’elle juge suffisant pour l’heure.
Dans un communiqué, le comité de la Banque du Japon note que “les économies étrangères ne sont pas encore sorties de la phase de ralentissement, mais que quelques signes d’amélioration sont néanmoins apparus, incluant une reprise, certes à un rythme lent, de l’économie des Etats-Unis”.
Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue ensuite, le gouverneur, Masaaki Shirakawa, a néanmoins reconnu que les turbulences en Europe, principalement à cause de l’endettement insurmontable de la Grèce, constituaient une préoccupation majeure, susceptible d’affecter l’économie japonaise à travers les places financières malmenées.
“Une certaine nervosité est apparue sur les marchés à cause de la crise de la dette des nations européennes”, a souligné M. Shirakawa.
Il estime que ces tensions requièrent une attention d’autant plus particulière que le danger européen tend à se traduire par un délaissement de l’euro au profit du yen nippon, ce qui renchérit le coût des marchandises japonaises sur les marchés extérieurs où la concurrence sur les prix est en outre accentuée par un ralentissement de la demande.
De même, le gouverneur s’est-il montré soucieux vis-à-vis de la Chine dont l’activité est susceptible d’être affaiblie par le déclin des commandes en provenance d’Europe, ce qui rejaillit aussi sur le commerce extérieur japonais des composants, matériaux et pièces détachées destinés à être assemblés dans les usines de l’Empire du Milieu.
“Le ralentissement en Chine tend plutôt à se prolonger”, a reconnu le gouverneur, citant pour cause première un essoufflement des exportations.
De façon générale, “les incertitudes relatives à l’évolution de l’économie mondiale restent importantes”, a résumé le patron de la BoJ.
Reste que la Banque du Japon juge “évident que l’économie japonaise est en train de se diriger vers une reprise”, même si pour le moment l’activité est, précise-t-elle, “à peu près étale”, de même que les exportations.
La demande intérieure va, il est vrai, dans le bon sens, tirée par la consommation des particuliers et les commandes publiques liées à la reconstruction du nord-est dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.
Le produit intérieur brut (PIB) de l’archipel a ainsi crû de 1,0% au cours des trois premiers mois de l’année 2012 par rapport à celui du trimestre précédent.
En revanche, l’évolution de l’indice des prix à la consommation, qui reste calé autour de zéro, demeure un souci majeur pour la banque centrale.
La déflation lancinante, qui comprime les marges des sociétés et les incite à reporter leurs investissements, a jusqu’à présent retardé le redémarrage de l’économie nippone.
Bien que la BoJ table sur le dynamisme des nations émergentes pour doper les exportations, les effets se font encore attendre.
La banque, statutairement indépendante mais régulièrement objet de pressions gouvernementales, dit reconnaître que “l’économie japonaise traverse une phase de défi pour vaincre la déflation et revenir sur le chemin d’une croissance durable sur fond de stabilité des prix”, équivalent pour elle à une inflation de l’ordre de 1% d’un an sur l’autre.
En conséquence, “la banque va continuer de conduire une politique monétaire appropriée”, ce qui signifie qu’elle ne la durcira pas tant qu’une amélioration significative ne sera pas constatée sur le front de la croissance et de l’évolution des prix à la consommation.
Et le gouverneur d’ajouter: “je tiens à insister sur le fait qu’il n’y a pas de changement dans notre volonté de maintenir un environnement financier extrêmement accommodant”.