Dans ce délire collectif qui semble toucher les uns et les autres, j’avoue ne plus retrouver aucune marque, et constate que la chaloupe Tunisie vole au gré des vents comme l’arche de Noé après le déluge. Et puisqu’on est dans le domaine du sacré, et aussi de la période où les chères grosses légumes deviennent inaccessibles, je me suis posée la question: c’est quoi le fruit du paradis…? Il semble que c’est la grenade! Elle est naturelle au goût exquis, la lacrymogène qu’utilise la police ou celle que dégoupillent ceux qui prennent un billet aller simple pour… le paradis.
Et mon désarroi augmente tous les jours et je ne sais plus où donner de la tête. Je voudrais être à la place du courageux chef de cabinet qui démissionne la veille de l’octroi d’un visa à un parti extrémiste; octroi considéré donné à des Tunisiens. Mais alors, un extrémiste est-il tunisien ou extrémiste? Que quelqu’un me réponde, car le Tunisien est par essence pas extrémiste…
Cette navigation à vue continue dans un dédale d’erreurs et d’aberrations économiques et socioéconomiques, de réunions qui n’en finissent pas d’une Assemblée déconstitutionnalisée où, semble-t-il, le nombre de votes dépasse celui des votants: c’est vrai que les voies du seigneur sont impénétrables!
Quoi dire d’autre, jeter l’éponge et laisser faire? IBN KHALDOUN l’avait déjà décrit que la déstructuration d’un Etat est facile et entraîne l’anarchie. Les prémices sont nombreuses à travers le pays, et je ne vais pas à chaque article les décrire ces symptômes d’une maladie incurable qui touche les gens qui ont une addiction au pouvoir… Parmi eux, il y a ceux qui savent laisser leur nom dans l’histoire, ceux qui partent «sans histoires» et ceux qui font des histoires sans être intéressés par l’avenir et qui, notamment, demandent des indemnisations pour les sévices moraux subis. Dès lors, je me demande si les réserves d’or et de diamant d’Afrique du Sud auraient-elles suffi à indemniser Mandela, l’homme qui a secouru certains de nos dirigeants actuels?