ésident de la Bundesbank, le 18 novembre 2011 à Francfort (Photo : Daniel Roland) |
[25/05/2012 10:28:38] FRANCFORT (AFP) Le patron de la banque centrale allemande a déploré dans un entretien au Monde à paraître vendredi l’absence de débat public en France sur la perte de souveraineté qu’impliquerait l’introduction d’euro-obligations, instrument de mutualisation de la dette prôné par Paris.
Ces “eurobonds”, auxquels l’Allemagne est opposée à l’heure actuelle, ne peuvent être “que l?aboutissement d?un processus long, qui nécessite entre autres de changer la constitution dans plusieurs Etats, de modifier les traités, d?avoir davantage d?union budgétaire”, a déclaré Jens Weidmann au quotidien français, selon le texte de l’entretien diffusé par ses services.
En effet, “on ne confie pas sa carte de crédit à quelqu?un si on n?a pas la possibilité de contrôler ses dépenses”.
Or, selon M. Weidmann, les gouvernements qui sont favorables aux euro-obligations “négligent ce débat”.
“Même dans les pays où les gouvernements réclament les eurobonds, comme en France, je ne constate ni débat public ni soutien de la population au transfert de souveraineté devant l?accompagner”, poursuit-il.
Le président de la Bundesbank a aussi répété être contre l’évolution du statut de la Banque centrale européenne (BCE) afin qu’elle aide les Etats en difficulté, comme réclamé notamment par le président français François Hollande.
“Les responsables politiques comptent sur nous car nous ne répondons pas devant les électeurs, mais c?est justement pour cette raison que notre mandat est limité et qu?il faut s?y tenir”, a-t-il dit.
M. Weidmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE au titre de ses fonctions à la Bundesbank, a rappelé que “depuis le début de la crise financière, le bilan de l?eurosystème a plus que doublé”, du fait des injections de liquidités effectuées en faveur des banques et du rachat d’obligations publiques sur le marché secondaire.
“L?institution a pris des risques considérables”, a-t-il ajouté, jugeant: “Nous sommes arrivés à la limite de notre mandat (…) A la fin ce sont des risques pour les contribuables, notamment en France et en Allemagne”.
Interrogé sur d’éventuels préparatifs par son institution d’une sortie de la Grèce de la zone, il a refusé de répondre.
Il a en revanche répété qu’Athènes devait se conformer aux accords conclus -mesures de rigueur contre l’aide de ses partenaires-, car dans le cas contraire “l’aide devrait être arrêtée”.