Le prix du pétrole baisse, les compagnies aériennes soufflent modérément

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éroport de Pékin, en août 2007. (Photo : Teh Eng Koon)

[25/05/2012 15:28:20] PARIS (AFP) Asphyxiées par une facture carburant toujours plus élevée, les compagnies aériennes, habituées à l’extrême volatilité de l’or noir, accueillent avec un soulagement des plus mesurés la baisse actuelle du prix du pétrole.

“Si les prix du kérosène restent à un niveau raisonnablement bas et stable, ce sera évidemment bon pour l’activité de la compagnie”, souligne Wang Jian, un responsable de China Eastern Airlines.

Mais pour l’heure, “malgré sa baisse récente, le prix du pétrole reste à des niveaux historiquement élevés et représente un véritable défi pour le secteur”, résume Martin Murray, directeur financier de Cathay Pacific.

Cela “allège un peu la pression”, reconnaît Philippe Calavia, son homologue chez Air France-KLM. Il rappelle toutefois que les prévisions budgétaires du groupe franco-néerlandais ont été élaborées sur la base de 98 dollars en moyenne sur l’année. “On est donc toujours au-dessus du budget”, note-t-il.

Bien que globalement en recul, le prix du pétrole reste au-dessus des 100 dollars. Jeudi soir, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 106,55 dollars sur l’IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, loin des 128,40 dollars atteints le 1er mars dernier et du record du 11 juillet 2008 (147,50 dollars).

En Asie comme en Europe, les compagnies aériennes, sondées par l’AFP, déplorent le poids de cette facture kérosène, premier ou deuxième poste des coûts, qui plombent leurs comptes.

A titre d’exemple, Singapore Airlines a vu ses résultats annuels dégringoler de 69% après un dernier trimestre en pertes consécutives à la flambée des cours du pétrole.

Pour Qantas, première compagnie australienne, la facture 2012 va être largement supérieure à celle de l’année dernière (4,3 milliards de dollars américains contre 3,5 milliards en 2010/2011). “Nos perspectives sont donc toujours très difficiles”, prévient un porte-parole.

L’association internationale du transport aérien (IATA), qui représente quelque 240 compagnies et 84% du trafic mondial, estime qu’avec un baril à 115 dollars en moyenne sur l’année, le secteur dégagerait un bénéfice de 3 milliards de dollars cette année.

Un pétrole qui culminerait à 135 dollars, conduirait à une perte de 5,3 milliards, rappelle Chris Goater, responsable de la communication de l’association qui dévoilera ses prochaines prévisions en juin.

“Le principal risque aujourd’hui est de se précipiter pour essayer de profiter des cours actuels qui sont, bien qu’encore très hauts, orientés à la baisse, et de se trouver exposé à une perte sur les couvertures si les prix continuaient à baisser”, poursuit Philippe Calavia. Les compagnies aériennes achètent des assurances, des contrats de couverture, pour se prémunir de la volatilité du prix du pétrole.

Qantas a ainsi décidé en février de se couvrir à 86% pour le reste de ses besoins de l’année (s’achevant le 30 juin), en prenant l’hypothèse d’un baril à 121 dollars.

Air France-KLM s’attend à une facture pétrolière alourdie d’1,1 milliard d’euros cette année, avec une couverture à environ 60%. Elle s’élevait déjà à 6,438 milliards d’euros en 2011, représentant le deuxième poste de charges après le personnel.

Lufthansa, couverte à 76%, maintient quant à elle sa prévision d’une dépense carburant de 7,5 milliards d’euros en 2012 contre 6,3 milliards en 2011.

Et, “la volatilité est telle qu’il serait extrêmement risqué de parier sur une baisse durable”, souligne le PDG d’Air France Alexandre de Juniac.

Les transporteurs les plus en difficultés misent plutôt sur des mesures d’économies drastiques.

Déploiement d’appareils moins gourmands en carburant, gel des embauches du personnel, gel des salaires, possibilité de prendre des congés sans solde pour les personnels de cabine, voire plan social, tout l’arsenal est déployé.