Dr Moez Joudi prône une politique de rigueur face aux difficultés, car son
évaluation de la baisse de rating souverain de la Tunisie est très dure: “Cette
dégringolade est lourde de conséquence et entraîne un risque de non solvabilité
de la Tunisie, et une quasi «interdiction» de sortie de notre pays sur le marché
financier international! Avons-nous besoin de solliciter le marché financier
international? Même si nous l’avons pas fait depuis un bout temps, il serait
gênant de se priver de cette possibilité surtout que nos besoins en financement
sont considérables et estimés à 4,320 milliards de dinars, uniquement pour
l’année 2012!“.
Mais comment alors faire face? Selon Dr Joudi, il peut s’avérer évident qu’une
politique de rigueur ou d’austérité serait la solution unique pour «sauver les
meubles» et amorcer un nouveau départ. Cette politique qui prône la hausse de la
fiscalité et la baisse des dépenses publiques dans l’objectif de réduire le
déficit se justifierait en ce moment en Tunisie, par l’enregistrement de ce
déficit courant en forte hausse, ainsi que par l’inflation rampante qui nuit au
pouvoir d’achat, notamment celui de la classe moyenne, véritable force de frappe
de l’économie tunisienne.
“Notons que dans le cadre de cette politique et afin de maîtriser l’inflation,
le gouvernement serait amené à tenter d’encadrer les salaires et d’éviter les
mouvements de hausse à ce niveau, ce qui risque de porter les salaires à un
niveau trop élevé provoquant une sous-performance des entreprises et impactant
in fine la création d’emploi. Les hausses de salaires peuvent également
provoquer une hausse générale des prix et ainsi engendrer un cercle vicieux“,
ajoute-t-il.
“Le mérite d’une politique de rigueur se situerait essentiellement sur le moyen
et long terme, à travers la restauration des comptes publics et de la balance
des paiements, favorisant ainsi la confiance dans l’économie, la stabilité du
taux de change, et augmentant l’investissement et les flux d’IDE (entrée de
capitaux étrangers). À terme, la compétitivité économique est améliorée et, par
suite, la quantité d’emplois dans l’économie (en particulier dans le secteur
privé) est plus élevée. Mais les questions qui se posent aujourd’hui, sont
celles qui nous amèneraient à savoir si les Tunisiens sont prêts ou non aux
sacrifices du court terme. Accepteront-ils des baisses salariales? Par ailleurs,
aujourd’hui, les attentes des opérateurs se concentrent plutôt sur la relance
qui doit se faire au plus vite et la reprise des activités qui doit être
perceptible dès la fin du premier semestre 2012. Pour autant, devrons-nous
adopter plutôt une politique de relance et éviter toute forme d’austérité?“,
s’interroge-t-il.