Athènes se dote d’un Parthénon de la corruption : la maison d’un ex-ministre

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éfense quitte son domicile le 11 avril 2012 à Athènes

[28/05/2012 09:27:58] ATHENES (AFP) Près du Parthénon, des caryatides, et du théâtre de Dionysos, le site de l’Acropole s’est doté depuis quelques semaines d’une nouvelle attraction: la somptueuse maison d’un ex-ministre de la Défense inculpé pour blanchiment d’argent, devenue une sorte de temple… de la corruption.

“Après le musée de l’Acropole, c’est malheureusement devenu le deuxième site d’attraction ici, la maison du ministre corrompu”, située à quelques pas, constate dépitée une jeune Athénienne dans cette rue d’Athènes considérée comme l’une des plus chères de la capitale.

“C’est celle là”, “c’est ici”: l’arrêt devant la demeure athénienne d’Akis Tsochatzopoulos semble être devenue un passage obligé au cours de la balade, très prisée, des Grecs et des touristes le long de cette promenade piétonne bordée d’oliviers et de pins au pied de l’Acropole.

Le rituel est quasiment systématiquement le même: les passants vérifient de près le numéro de la maison ainsi que le nom inscrit sur la boîte aux lettres –qui a d’aileurs été modifié ce qui complique la tâche. Ils lèvent ensuite le nez pour mieux scruter les marbres encadrant les fenêtres ou espérant apercevoir quelques détails du luxe intérieur. Et au bout de quelques secondes, ils s’en vont, maugréant pour certains.

Une petite dame âgée se signe plusieurs fois devant le grand portail noir barrant l’allée parfumée de chèvrefeuilles, et regarde avec dégoût les deux étages de l’imposante maison aux murs jaune pâle.

“C’est une honte, le ministre et tous ces gens du Pasok (le parti socialiste, ndlr) qui détournent l’argent et s’en mettent plein les poches”, s’emporte la vieille dame.

“On sait bien qu’il y a beaucoup d’autres ministres corrompus”, commente de son côté Nikos, la trentaine.

Même les touristes sont initiés à la curiosité, via les commentaires de locaux. “Ce pauvre ministre, avec son pauvre salaire…C’est comme ça que ça marche en Grèce”, explique énervée une Grecque à des amis britanniques.

C’est, entre autres, pour avoir omis de déclarer au fisc cette propriété que l’ancien ministre de la Défense (1996-2000) Akis Tsochatzopoulos est poursuivi par la justice. Début avril, à quelques semaines des législatives du 6 mai, c’est là qu’il a été arrêté.

Le 17 avril, ce cacique et membre fondateur du Pasok, a été inculpé de blanchiment d’argent et de constitution d’organisation criminelle pour des commandes controversées d’armement, et placé en détention provisoire dans une prison d’Athènes.

M. Tsochatzopoulos, est accusé d’avoir utilisé sa fonction à la tête du ministère de la Défense de 1996 à 2001 pour empocher des pots-de-vin payés via des sociétés offshore pour des contrats d’achat d’un système anti-missile russe et de sous-marins allemands.

Son arrestation, la première d’un ministre depuis 20 ans pour ce genre d’affaire, constitue une “mise en cause de tout le système politique” estime un fin connaisseur du système politique grec, “c’est un moyen de dire qu’il y a d’autres corrompus et que tout le monde le sait. Il était voleur et en plus arrogant, car il s’arrangeait pour que cela se voit” en affichant un train de vie dispendieux.

Depuis son incarcération, la presse grecque fait ses choux gras des sommes dépensées pour la décoration de la propriété et pour les voyages du couple, dont le mariage en France en grande pompe n’était pas passé inaperçu.