L’heure est grave et il n’est pas question de laisser la Tunisie rentrer droit dans le mur. C’est le message que n’ont pas cessé de dire et répéter les députés et membres d’Al Joumhouri lors de la conférence de presse tenue lundi 28 au siège du journal Al Mawkif.
D’autres partis et formations politiques se concerteraient pour prendre position quant à l’initiative d’Al Joumhouri.
«Le courage et l’amour de la patrie supposent que le gouvernement se désiste de lui-même et engage des discussions avec l’ensemble des parties prenantes pour un gouvernement de salut national. Dès lors qu’il s’agit de la Tunisie, nous devons agir de concert pour la sauvegarde de notre pays. Nous ne sommes plus des partis travaillant de manière unilatérale et chacun adoptant programme, nous sommes tous des Tunisiens qui aiment leur pays et ne voudraient pas qu’il régresse encore plus», a indiqué Maya Jribi, secrétaire générale du parti, qui a annoncé qu’Al Joumhouri a d’ores et déjà commencé des concertations avec d’autres acteurs de la vie politique pour adopter une position commune: «Mais je doute fort qu’il y ait un Tunisien et a fortiori un parti politique dont les avis différeraient pour ce qui est du désastre que vit notre pays à tous les niveaux. La Troïka a relégué la compétence au second rôle pour mettre en premier la répartition des portefeuilles ministériels selon le poids du parti. Il est temps que cela change parce les enjeux sont aujourd’hui autres que d’occuper les devants de la scène politique sans efficience socio-économique et actions tangibles sur le terrain».
Elyes Jouini, membre d’Al Joumhouri et économiste, a déclaré que le gouvernement tunisien a failli dans la construction de la crédibilité et la sauvetage de l’économie qui a pris un coup dur suite à l’abaissement de deux crans de la part de Standard and Poor’s. Et il ne s’agit pas, a-t-il précisé, de prêts contractés entre Etats ou fonds de développement internationaux mais bel et bien d’investissement: «Si les investisseurs perdent leur confiance dans un site, il n’y concevront pas de projets, n’y généreront pas de richesses et n’y créeront pas de postes d’emplois».
Yassine Ibrahim a, pour sa part, insisté sur l’incapacité des pouvoirs en place à maîtriser les fléaux qui ont mené le pays à la révolution comme la corruption, la contrebande et le commerce parallèle: «J’appelle le gouvernement à rompre avec les pratique du passé et au leurre du “tout va bien dans le meilleur des mondes”. Le pays va mal et il est de notre devoir à tous de veiller au redressement de son économie et à sa stabilité».
Commentant les propos de certains membres du gouvernement qui ont accusé Mustapha Kamel Ennabli, gouverneur de la Banque centrale, d’être derrière la notation de Standard and Poor’s, Issam El Chebbi a cité un exemple évoqué à la Constituante par Moncef Cheikrouhou, le grand favori pour occuper le poste de gouverneur de la BCT: «Lorsqu’on examine un malade et qon trouve qu’il a 40 degré de fièvre, doit-on essayer de découvrir les racines du mal ou casser le thermomètre? Pareil pour ce gouvernement, au lieu de chercher des boucs émissaires, il ferait mieux de reconnaître ses échecs et de passer la relève à des personnes beaucoup plus compétentes et mieux qualifiées pour gérer les affaires de l’Etat. M.K.E n’a pas à payer pour avoir osé dire non à la politique inflationniste de l’Etat».