La Chine et le Japon vont débuter l’échange direct de leur monnaie

photo_1338272429338-1-1.jpg
à Heifei, en Chine

[29/05/2012 06:21:47] TOKYO (AFP) La Chine et le Japon ont annoncé mardi qu’ils allaient échanger directement leur monnaie à partir de vendredi, ce qui leur permettra de se passer du dollar pour dynamiser leur commerce bilatéral.

Jusqu’à présent, le yuan et le yen s’échangeaient via le dollar qui sert de pivot dans la détermination du taux de change. Ce système, peu pratique, fait que 60% des transactions bilatérales sont actuellement effectuées en dollar.

C’est la première fois que Pékin accepte de tels échanges directs avec une autre monnaie majeure, en dehors de ceux réalisés avec le dollar des Etats-Unis.

“En évitant de passer par une tierce devise, nous allons rendre plus aisé l’usage des deux monnaies, limiter les risques de perte pour les banques, réduire le coût des transactions et stimuler le marché de Tokyo”, a expliqué mardi le ministre nippon des Finances, Jun Azumi.

La Banque populaire de Chine (BPC, banque centrale) a salué un “pas important” qui va “faciliter l’usage du renminbi (nom officiel du yuan) et du yen dans le commerce et l’investissement bilatéral, promouvoir la coopération financière et améliorer les liens économiques et financiers entre les deux pays”.

A Shanghai, à l’instar du système prévalant pour la fixation de la parité yuan/dollar, le taux de change yuan/yen sera décidé par la BPC et non par la loi de l’offre et de la demande.

Chaque matin avant l’ouverture des cotations, la banque centrale chinoise se renseignera sur les prix auprès des acteurs du marché, puis annoncera le cours central du yuan vis-à-vis du yen pour la journée à Shanghai, a expliqué la BPC, de la même manière qu’elle procède pour fixer le taux yuan/dollar.

Les autorités chinoises laisseront fluctuer quotidiennement le yuan dans une marge de plus ou moins 3% par rapport au cours central de la journée vis-à-vis du yen, ont précisé les médias nippons, alors que la monnaie chinoise peut évoluer chaque jour dans une marge de plus ou moins 1% par rapport à sa parité fixée vis-à-vis du dollar.

Les médias japonais ont ajouté que sur la place de Tokyo en revanche, la cotation yuan/yen serait fixée librement par les acteurs du marché.

Cette décision sino-japonaise intervient dans le cadre d’une série d’accords bilatéraux conclus fin décembre, destinés à faciliter et renforcer le commerce et les investissements bilatéraux entre la Chine et son voisin le Japon, respectivement deuxième et troisième puissances économiques mondiales.

Dans la lignée de ces ententes, le Japon a annoncé en mars l’acquisition pour la première fois d’obligations d’Etat chinoises, Pékin acquérant depuis des années des bons du trésor nippon, afin de diversifier ses réserves de change.

Les deux pays sont d’importants partenaires commerciaux et en dépit de divergences sur la politique internationale et de contentieux territoriaux en partie hérités de la Deuxième guerre mondiale.

Côté chinois, l’échange direct yuan/yen semble entrer dans le cadre de la stratégie à long terme de Pékin visant à développer le rôle international de sa monnaie. Les Etats-Unis accusent régulièrement la Chine de sous-estimer la valeur de sa devise pour favoriser ses ventes à l’étranger.

D’une perspective japonaise, cet accord vise à donner un coup d’accélérateur aux échanges avec la Chine, qui est déjà le premier partenaire commercial de l’archipel. Considéré comme une valeur refuge par temps économique incertain, le yen a atteint ces derniers mois des records de vigueur face au dollar et à l’euro, ce qui nuit aux groupes exportateurs nippons.