Vue du salon Vinexpo Asie-Pacifique de Hong Kong, en mai 2010 (Photo : Mike Clarke) |
[29/05/2012 06:54:53] HONG KONG (AFP) Vinexpo Asie, qui réunit plus d’un millier d’exposants de 28 pays, s’ouvre mardi à Hong Kong avec un enjeu pour les producteurs français: pousser leur avantage sur le vaste marché chinois où le vin, prospère entreprise, ne connaît (presque) pas la crise.
Organisé chaque année paire (les impaires se déroulent à Bordeaux), Vinexpo Asie-Pacifique revient à Hong Kong après une édition bordelaise 2011 qui a confirmé, si nécessaire, le rôle prépondérant de l’Asie, et de la Chine surtout, dans la croissance du marché mondial du vin.
Certes en volume, le rythme de croissance du marché chinois devrait ralentir, à 54% entre 2011 et 2015, contre +140% entre 2006 et 2010, selon l’étude annuelle réalisée par le cabinet britannique ISWR pour Vinexpo.
Mais dans l’intervalle, le marché européen connaîtra une croissance quasi nulle et la consommation chinoise par habitant devrait doubler: elle n’est aujourd’hui que de 1,3 litre (par an), contre 2,4 l au Japon, 4,6 l à Hong Kong et 50 l en France.
L’Asie représentera à elle seule dans les quatre ou cinq années à venir plus de la moitié de la croissance du marché du vin dans le monde, selon ISWR.
Pour Thomas Jullien, représentant en Chine du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), “l’épisode d’euphorie” est bel et bien terminé.
“C’est un secteur très connecté avec l’économie réelle, ce qui veut dire que quand on a un ralentissement macroéconomique, on peut aussi anticiper des taux de croissance un peu plus faibles”.
Mais depuis 6 ou 7 ans, les exportations de vin de Bordeaux vers la Chine doublaient chaque année. Difficile de faire aussi bien dans la conjoncture actuelle.
Le directeur de Vinexpo Robert Beynat affirme que le ralentissement économique en Chine (7,5% de croissance attendus cette année contre 9,2% en 2011) devrait avoir moins d’effet sur les importations que sur les habitudes.
Les Chinois “pourraient boire des vins moins chers, mais ils ne vont pas s’arrêter de consommer”, assure-t-il.
Les ventes en Asie se font dans des segments de prix assez élevés, entre 5 et 10 dollars US, où les grands vins français (Bordeaux, Bourgogne, Champagne) sont à l’avant-garde. Les Asiatiques sont par ailleurs amateurs de vins rouges – les vins blancs restant très minoritaires.
Plus de la moitié des 10.000 m2 d’exposition seront occupés cette année encore par des vins français, la France étant le premier fournisseur de vin en Asie avec une part de marché de 45% en valeur – et les Bordeaux ont la cote.
La Chine continentale est désormais le premier marché des vins de Bordeaux à l’export, avec 58 millions de bouteilles expédiées en 2011 (+91%) et un chiffre d’affaires de 334 millions d’euros.
En valeur, Hong Kong, plaque-tournante du vin en Asie et premier territoire consommateur par habitant, est devant avec 348 millions d’euros pour 13 millions de bouteilles.
“Il ne faut pas faire les mêmes bêtises que par le passé, prévient toutefois Robert Beynat. Le Bordeaux c’est bien, mais il faut aussi des vins de Loire, d’Alsace, etc” pour accompagner la massification et la diversification de la consommation en Asie.
D’autant que les concurrents sont à l’affût. Près de 50 exposants australiens et néo-zélandais seront présents à Hong Kong, ainsi que des producteurs sud-africains et sud-américains. Les Américains seront notamment représentés par les vins du réalisateur Francis Ford Coppola.
Pourtant, non seulement l’ouverture et la progressive mâturation du marché chinois n’ont pas érodé les positions, mais elles les ont au contraire renforcées et élargies, estime Thomas Jullien.
“Aujourd’hui on voit un intérêt pour les niveaux intermédiaires, avec des appellations un peu moins connues que les autres, en Saint-Emilion, Médoc, Côtes et Bordeaux”, souligne-t-il, alors que la demande en vins d’entrée et haut de gamme ne se dément pas.
Vinexpo Asie se tient jusqu’au 31 mai.