Pétrole : après avoir perdu sa filiale argentine, Repsol doit revoir sa stratégie

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éant pétrolier espagnol Repsol à Pinto, en périphérie de Madrid (Photo : Pedro Armestre)

[29/05/2012 09:42:36] MADRID (AFP) Le géant pétrolier espagnol Repsol a dévoilé mardi son plan stratégique 2012-2016, contraint de s’adapter après la nationalisation de sa filiale argentine YPF et de miser sur l’exploration de marchés comme le Brésil, les Etats-Unis ou encore l’Espagne.

“D’une certaine manière, l’expropriation de YPF nous a fait tout remettre en question, pour recommencer, reprendre des forces”, a admis son président Antonio Brufau, lors d’une conférence de presse.

L’objectif du groupe est de rassurer les investisseurs, alors que Standard & Poor’s a déjà abaissé d’un cran sa note, tandis que Moody’s et Fitch ont menacé de faire de même, attendant de connaître son nouveau plan stratégique.

Point fort de ce plan: le projet d’investir 19,1 milliards d’euros, dont “près de 80% sont destinés à l’upstream (exploration et production, ndlr), moteur de croissance du groupe”, a expliqué Repsol, ciblant “10 projets-clés de croissance” situés au Brésil, aux Etats-Unis, en Russie, en Espagne, au Venezuela, au Pérou, en Bolivie et en Algérie.

Mais la baisse de la part du résultat affectée aux dividendes n’a pas plu au marché: à 08H47 GMT, le titre chutait de 3,08% à 13,39 euros, dans un marché en recul de 1,36%.

C’est “une tentative courageuse pour tirer le meilleur d’une mauvaise situation”, analyse Stuart Joyner, de la maison de courtage Investec Securities, qui voit là “un kit de mesures d’urgence destiné à montrer qu’il peut survivre sans YPF”.

La présidente argentine, Cristina Kirchner, ignorant les avertissements de Madrid, a décidé en avril d’exproprier 51% de YPF, contrôlé par Repsol à 57,4%, ce qui a déclenché une grave crise diplomatique entre les deux pays.

Le géant espagnol doit donc revoir sa stratégie, ne pouvant plus compter sur les larges réserves de ses gisements argentins, surtout celui de Vaca Muerta, qui contient l’équivalent de 22,8 milliards de barils de pétrole et que Repsol considère comme la “plus grande découverte de son histoire”.

L’expropriation aura aussi un impact sur ses résultats, car en 2011 YPF a apporté 21% du bénéfice net et 25,6% du résultat d’exploitation.

Le groupe a exigé une compensation qui, selon lui, devra être “au moins égale” à 8 milliards d’euros.

“Nous allons faire tout ce qui est nécessaire, que ce soit par la voie du dialogue ou de la justice, pour récupérer ce qui est à nous”, a répété mardi Antonio Brufau.

Ce qui ne l’empêche pas d’être optimiste, prévoyant “sur la période une croissance du bénéfice net du groupe de 1,8 fois, sans tenir compte d’YPF”.

Pour y arriver, Repsol va se concentrer sur d’autres marchés, avec comme priorité le Brésil, où il a réalisé 13 découvertes de pétrole depuis 2008.

“L’offshore brésilien est une des zones les plus importantes de croissance en réserves d’hydrocarbures au monde”, soulignait-il jeudi dernier, en dévoilant des réserves équivalant à plus d’1,2 milliard de barils de brut dans son nouveau gisement au large du Brésil.

Repsol investira 2 milliards d’euros dans ce pays d’ici 2016, tablant sur une production moyenne de 450.000 barils de pétrole par jour (dont le groupe espagnol ne récupérera qu’une partie, travaillant en consortium).

Mais il prévoit aussi d’investir 2,3 milliards aux Etats-Unis, 1,2 milliard au Venezuela, 400 millions en Russie, 400 millions en Algérie, 300 millions en Bolivie, 70 millions au Pérou et 20 millions en Espagne.

De quoi augmenter la production “à un rythme annuel moyen de 7%, pour atteindre en 2016 les 500.000 barils de pétrole par jour, avec un taux de remplacement des réserves qui dépassera les 120% sur la période”.

Repsol prévoit aussi de “générer des liquidités de 8,1 à 8,6 milliards d’euros, destinés aux dividendes et à la réduction de la dette”, tout en se désengageant d'”actifs non stratégiques”, pour 4 à 4,5 milliards.