ésentation des résultats du groupe à Paris, le 19 mai 2012 (Photo : Eric Piermont) |
[30/05/2012 05:54:15] PARIS (AFP) Le gouvernement, en campagne pour imposer la modération salariale aux dirigeants d’entreprises, veut tenter in extremis d’invalider la prime de 400.000 euros versée à l’ancien patron d’Air France par la compagnie en difficulté financière, dont l’Etat est actionnaire à 15%.
Bercy a annoncé dans un communiqué mardi soir que “le représentant de l’Etat aura pour instruction de s’abstenir de valider l’indemnité de 400.000 euros versée au précédent directeur général d’Air France-KLM”, Pierre-Henri Gourgeon, lors de l’assemblée générale du groupe, jeudi à Paris.
Cette prime, dont M. Gourgeon a bénéficié en contrepartie d’un engagement de non-concurrence pendant trois ans, fait partie d’une indemnité de départ d’un montant total de 1,4 million d’euros.
Ces indemnités, “validées par le précédent gouvernement”, ne “s’inscrivent pas dans le sens des règles de modération salariale et de décence” annoncées par le président François Hollande, justifient le ministre de l’Economie Pierre Moscovici et son homologue chargé du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Encore moins, à leurs yeux, “au moment où l’entreprise connaît une situation difficile”, Air France étant engagé dans une restructuration drastique.
à Berlin (Photo : David Gannon) |
“L’Etat attend un comportement exemplaire en matière de rémunérations des dirigeants. Le gouvernement définira très prochainement de nouvelles règles sur la rémunération des dirigeants d’entreprise, conformément aux engagements du Président de la République”, ajoutent les deux ministres. La montée au créneau du tandem Moscovici-Montebourg intervient peu après l’annonce mardi par le Premier ministre que la réduction des écarts de salaires au sein des entreprises publiques, prévue dans le programme de François Hollande, serait appliquée aux “contrats en cours”.
“Je crois au patriotisme des dirigeants, qui peuvent comprendre que la crise suppose l’exemplarité des élites politiques et économiques”, a expliqué M. Ayrault dans une interview à l’Express.fr, rappelant que le nouvel exécutif a donné l’exemple, avec une baisse des rémunérations du président de la République, du Premier ministre et des membres du gouvernement.
La prime de 400.000 euros versée à M. Gourgeon suscite une polémique depuis sa dénonciation la semaine dernière par le syndicat Unsa-aérien.
“Qui peut concevoir que l’on demande d’un côté des efforts financiers aux salariés de la compagnie (blocage des salaires sur deux ans) et d’autre part verser à un +ex grand patron+, qui a échoué dans sa mission, une somme aussi colossale”, a fait valoir l’Unsa-aérien. Air France-KLM a lancé en janvier un plan d’économies de deux milliards d’euros à l’horizon 2015, dont les mesures structurelles doivent être arrêtées le mois prochain pour une mise en oeuvre dès l’été. La compagnie a reconnu pour la première fois jeudi un sureffectif dont le chiffrage a été renvoyé à la seconde quinzaine de juin.
à Paris (Photo : Eric Piermont) |
La direction d’Air France s’est défendue vendredi, en expliquant que la prime accordée à M. Gourgeon lui avait été imposée “dans l’intérêt du groupe”. Mais la patronne des patrons Laurence Parisot a jugé dimanche qu’elle n’était “pas conforme au code” éthique du Medef, compte tenu de la situation du groupe. Il incombe aux actionnaires de faire respecter ce code, a-t-elle estimé.
Pierre-Henri Gourgeon, évincé de la tête d’Air France-KLM en octobre, avait déjà été au centre d’une polémique, au sujet de billets à tarifs très réduits en classe business pour l’île Maurice pour lui, sa femme et deux autres personnes.
Il avait finalement renoncé à profiter de ces billets face à l’émoi provoqué au sein du personnel.