Les maisons de luxe françaises en croisade européenne contre la contrefaçon

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çon saisis par les douanes. (Photo : Valery Hache)

[30/05/2012 08:18:40] PARIS (AFP) Les 75 maisons de luxe françaises du Comité Colbert, dont Vuitton, Hermès ou Chanel, lancent mercredi une vaste campagne anticontrefaçon en y associant plusieurs pays d’Europe, pour lutter contre une économie souterraine devenue plus florissante que jamais grâce à internet.

Le marché mondial de la contrefaçon a explosé ces dernières années, alimenté par l’Asie qui produit 85% des articles saisis en Europe, et facilité par l’usage d’internet, où prolifèrent des sites écoulant des imitations bon marché auprès d’acheteurs jouissant d’un sentiment d’anonymat et d’impunité.

Pour combattre “ce fléau”, le Comité Colbert va diffuser avec les douanes dans les 18 principaux aéroports de France, avant les départs en vacances d’été, 10.000 affiches et 50.000 dépliants déclinés sur le ton de l’humour, pour rappeler au quidam les risques qu’il encourt s’il achète du faux.

“Avec ce téléphone, vous pourrez toujours appeler votre avocat”, lit-on au-dessus d’un portable Chanel contrefait. “Etes-vous prêts à en découdre ?”, interroge une légende surplombant une grossière copie de crocodile Lacoste. “Fausse Cartier, vrai casier…”, promet une autre des sept affiches.

La France possède la loi anticontrefaçon “la plus répressive du monde”, souligne Elisabeth Ponsolle des Portes, déléguée générale du Comité Colbert: depuis la loi Longuet de 1994: “Nous sommes le seul pays à considérer comme un délit la simple détention de produits de contrefaçon”.

“En France, la loi prévoit jusqu’à 300.000 euros d’amende et 3 ans d’emprisonnement”, avertissent les affiches.

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Orly, en 2010 (Photo : Boris Horvat)

Depuis sa première campagne en 1995, le Comité fait une piqûre de rappel tous les deux ans. Cette année, il a obtenu le ralliement de six pays européens: Italie, République tchèque, Hongrie, Slovaquie, Roumanie et Croatie. Le Comité finance l’adaptation des affiches dans ces pays. “Un investissement modeste, mais fructueux”, explique Mme Ponsolle des Portes, “car ces campagnes développent une certaine culture chez les consommateurs”, avec, “on aime à le croire”, un effet dissuasif.

“Intérêt général”

Le Comité rêve de voir toute l’Union européenne rallier son initiative. Sa déléguée générale argue de “l’intérêt général pour l’Europe, en terme de défense d’emplois”.

Les saisies ont doublé entre 2009 et 2010 en Europe, atteignant 103 millions d’articles et 1,1 milliard d’euros. Et ce, alors même que les douaniers ne peuvent déceler tous les faux. Selon l’Eurobaromètre de 2009, 22% des citoyens de l’UE ont déjà acheté involontairement des produits contrefaits.

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éroport de Belp, près de Bern, en Suisse, en 2010 (Photo : Fabrice Coffrini)

En France, la contrefaçon, tous secteurs confondus, coûterait chaque année plus de 30.000 emplois et 6 milliards d’euros de manque à gagner, selon le Comité. Maroquinerie, vêtements, lunettes, parfums, cosmétiques… tout y passe, avec en tête les produits monogrammés Louis Vuitton. En 2011, les faux produits de luxe ont représenté en valeur la moitié des saisies réalisées par les douanes.

Au niveau mondial, la contrefaçon coûterait 1.000 milliards de dollars par an. Le commerce sur internet n’a fait qu’aggraver le phénomène. En attestent les saisies toujours plus nombreuses dans les centres de tri postaux.

“Nous sommes tous en butte à une explosion des ventes de contrefaçons sur internet. Sur certains sites, 80% des produits Hermès présentés sont des faux”, a déploré mardi le patron de Hermès, Patrick Thomas.

Pour endiguer ces flux, le Comité Colbert recherche la coopération de groupes bancaires et opérateurs de paiements en ligne comme Visa, Mastercard, Americain Express ou PayPal.

Hermès vient de gagner 100 millions de dollars de dommages-intérêts dans un procès pour contrefaçon à New York contre des Chinois. “Mais le délai d’encaissement? C’est l’éternité…”, a lancé M. Thomas.