é européen de stabilité budgétaire, dans les rues de Dublin, le 29 mai 2012 (Photo : Peter Muhly) |
[30/05/2012 08:47:15] BRUXELLES (AFP) Le référendum qui se tient jeudi en Irlande pour décider si oui ou non le pays appliquera le traité européen de stabilité budgétaire ne revêt pas sur le papier un caractère crucial, mais un “non” pourrait remettre encore un peu plus en cause la politique d’austérité dans la zone euro.
Un référendum est toujours un exercice risqué en Irlande où les électeurs avaient rejeté les traités de Nice puis de Lisbonne en 2001 et 2008, menaçant de bloquer l’ensemble du processus de construction européenne. Dans les deux cas, un nouveau référendum avait été organisé et s’était finalement soldé par un “oui”.
Cette fois, l’enjeu semble moins important: deux pays européens, le Royaume-Uni et la République tchèque, ont d’emblée refusé de signer le pacte de stabilité budgétaire qui introduit des “règles d’or” et des mécanismes automatiques obligeant les Etats à observer une stricte orthodoxie budgétaire sous la surveillance de leurs pairs, sous peine de sanctions.
Et même au sein de la zone euro, l’unanimité n’est pas requise: pour qu’il s’applique, il suffit que 12 pays le ratifient. Les non-signataires n’y seront pas soumis et pourront toujours choisir de l’adopter par la suite.
é européen de stabilité budgétaire distribue des tracts dans les rues de Dublin, le 29 mai 2012. (Photo : Peter Muhly) |
Selon les derniers sondages effectués en Irlande, le “oui” a de grandes chances de l’emporter. Et même en cas de “non”, cela “ne bloquerait pas cette fois l’ensemble du processus de ratification”, et “n’empêcherait pas l’Irlande de bénéficier du reste du plan de sauvetage de 67,5 milliards d’euros qui court jusque fin 2013”, souligne Yves Bertoncini, de Notre Europe, un centre de réflexion basé à Paris.
Toutefois, un “non” aurait des conséquences, d’abord sur l’Irlande elle-même. Cela “ne risque pas de placer le pays dans une meilleure position pour exiger des concessions de la part de ses partenaires de la zone euro”, souligne Hugo Brady, dans une note du Centre for European Reform, basé à Londres.
Or, rappelle cet analyste, l’Irlande, pays déjà sous programme d’aide internationale, risque d’avoir à nouveau besoin d’une ligne de crédit d’au moins 12 milliards d’euros en 2014.
é budgétaire européen, à Dublin, le 29 mai 2012. (Photo : Peter Muhly) |
Les conséquences du vote irlandais pour le reste de la zone euro sont plus imprévisibles, mais à l’approche des législatives grecques du 17 juin qui pourraient consacrer la victoire de partis opposés à la rigueur, le positionnement des Irlandais pourrait contribuer à rebattre les cartes.
“Si l’Irlande vote oui, ce sera un encouragement moral majeur pour la chancelière allemande Angela Merkel après une série de revers politiques”, souligne M. Brady. A l’inverse, le président français François Hollande “se saisirait d’un non pour réclamer avec plus de force une nouvelle politique” mettant l’accent sur les investissements publics pour combattre le chômage et relancer la confiance des entreprises, selon lui.
En cas de “non” irlandais, “l’opposition à l’austérité pourrait s’enflammer en Grèce, Italie et Espagne”, insiste M. Brady, et d’autres pays que l’Irlande pourraient décider d’organiser un référendum sur la question.
Mais cela pourrait aussi provoquer la méfiance accrue des marchés, qui risquent de le faire payer aux pays fragiles en suscitant une hausse des taux d’intérêts auxquels ces pays empruntent pour financer leur dette.
Un “non” serait aussi à double tranchant pour les opposants au “tout austérité” en Europe. Tout en leur donnant des arguments démontrant que les peuples rejettent la potion lorsqu’elle est trop amère, cela risque aussi de tuer dans l’oeuf leur espoir de créer un jour des euro-obligations mutualisant les dettes car les tenants de l’orthodoxie budgétaire seront devenus plus méfiants que jamais.