énéral du salon Vinexpo, Robert Beynat, à la foire internationale des vins de Hong Kong le 29 mai 2012 (Photo : Laurent Fievet) |
[30/05/2012 09:52:21] HONG KONG (AFP) La Chine consomme en moyenne 300 millions de bouteilles de vin par an, et très peu de blanc : pour le consommateur chinois, le rouge, emblématique d’un certain art de vivre, reste la référence. Mais le vin blanc progresse rapidement grâce aux femmes, qui le plébiscitent.
“Tout le monde pensait que le blanc marcherait mieux que le rouge. Mais c’est faux, la Chine boit plus de rouge”, constate Robert Beynat, directeur général du salon Vinexpo qui se tient du 29 au 31 mai à Hong Kong, plate-forme du vin en Asie.
“Il y a tout de même des signes montrant que les femmes se mettent au blanc”, ajoute-t-il.
Le vin rouge représente plus de 90% de la consommation de vin tranquille en Chine, contre 65% dans le monde.
à Hong Kong photographie des bouteilles le 29 mai 2012 (Photo : Laurent Fievet) |
La segmentation du marché est flagrante dans les magasins alimentaires de Hong Kong : les rayons de vins rouges sont richement achalandés, avec des gammes de prix très larges (de 5 euros à plusieurs centaines d’euros pour les grands crus) et des origines multiples. Les têtes de gondoles sont réservées au rouge.
Les rayons de vins blancs en revanche se réduisent souvent à quelques bouteilles d’Australie ou d’Afrique du Sud à moins de 5 euros, et une ou deux étiquettes françaises (Gewurztraminer, Sancerre) et allemandes à plus de 20 euros.
“Consommation de niche”
“L’idée en Chine c’est que le vin doit être rouge. Il y a bien sûr un gros potentiel, il faut pour cela éduquer les palais, ça prend du temps”, explique Georges Haushalter, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB).
é du vin en Asie |
“Pour l’instant, le blanc reste une consommation de niche dans les restaurants haut de gamme, mais ça frétille”, se félicite Pascal Sailley, directeur export du producteur de Chablis Alain Geoffroy, à Beines (Yonne), présent dans la région depuis plus de quinze ans.
Alors que le Japon est le 2ème pays d’exportation pour ses vins, juste derrière la Grande-Bretagne, Pascal Sailley écoule entre deux et trois palettes de caisses par an seulement en Chine.
“Ca peut aller très vite. Comme au Brésil, on part de très loin et la croissance du marché est à deux chiffres”.
Les importations de blanc à Hong Kong ont augmenté de 39% au premier trimestre 2012 contre 14% pour l’ensemble du marché du vin. Et selon l’étude annuelle réalisée par le cabinet britannique ISWR pour Vinexpo, la croissance du marché du blanc entre 2011 et 2015 sera de 69%, contre 53% pour le rouge.
à Hong Kong le 29 mai 2012 (Photo : Laurent Fievet) |
Philippe Garnier, gérant associé de Vins-Vignerons, agent pour grands châteaux de Bourgogne en Chine, rappelle que le succès du vin rouge est d’abord dû au “French paradox”.
“French paradox”
Ce concept a été inventé par les médecins pour désigner le paradoxe apparent consistant pour les Français vivant dans les régions de bonne chère (alimentation grasse, vin) à être en meilleure santé que les autres.
En Chine, “une grande publicité a été faite pour les bienfaits du vin rouge sur la santé” à tel point qu’une crème pour la peau a été baptisée “crème de vin rouge”, note Philippe Garnier.
“On préfère la nourriture au médicament”, renchérit sa directrice adjointe chinoise, Fang Chen.
Le vin blanc est aussi victime de son acidité qui se marie mal, ou moins bien, entend-on souvent, avec la cuisine chinoise, épicée, relève Georges Haushalter.
Un argument réfuté par Philippe Garnier. “L’avantage du vin blanc avec la cuisine épicée est sa fraîcheur. Et il ne contient quasiment pas de tannin, ce qui donne le caractère épicé aux vins rouges”, plaide-t-il.
D’autre part, souligne Fang Chen, les Chinois consomment énormément de fruits de mer et de poissons, en particulier dans les grandes villes côtières (Shanghai, Hong Kong, Dalian, Tianjin) où résident les jeunes classes moyennes sur lesquelles reposent la croissance du marché et les futures habitudes de consommation.
Négociants, agents et producteurs mobilisent d’importants moyens afin d’éduquer les palais chinois. “Master class” (cours) d’oenologie et dégustations sont organisées à travers le pays.