La réduction des déficits, principal défi pour la France, selon Bruxelles

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ée, le 23 mai 2012. (Photo : Fred Dufour)

[30/05/2012 12:37:12] BRUXELLES (AFP) La réduction du déficit public reste un des principaux défis auxquels doit faire face la France et l’objectif de 3% du produit intérieur brut d’ici 2013 devrait nécessiter des efforts supplémentaires, a estimé mercredi la Commission européenne.

“La consolidation budgétaire reste un des principaux défis de la politique économique de la France”, affirme la Commission dans un rapport faisant le point sur l’application des recommandations qu’elle avait formulées en juin 2011.

“Bien que l’objectif de 4,4% du PIB de cette année paraisse atteignable, l’écart avec le seuil de 3% du PIB reste considérable”, avertit-elle.

Bruxelles demande à Paris de “préciser les mesures nécessaires pour s’assurer que le déficit excessif soit résorbé d’ici 2013 comme recommandé par le Conseil” de l’Union européenne.

La Commission juge “important que la hausse des dépenses publiques reste située sous le taux de croissance potentiel du PIB, avec une attention particulière portée à la tendance de l’évolution des dépenses sociales et des collectivités locales”.

Elle recommande “plus d’efforts” dans le développement d’un système fiscal “plus favorable à une croissance économique durable” malgré les mesures déjà prises pour réduire les charges pesant sur le coût du travail.

La Commission fait remarquer que sa recommandation sur le développement d’une fiscalité favorable à la protection de l’environnement “n’a pas été appliquée”.

“La France est à l’avant dernière place en terme de part de taxes environnementales dans ses recettes fiscales au sein de l’UE”, note-t-elle, ajoutant que “des subventions nuisibles à l’environnement continuent d’avoir un coût budgétaire élevé”.

Elle s’inquiète par ailleurs de la “viabilité à long terme du système des retraites” et estime que son retour à l’équilibre envisagé par les autorités françaises d’ici 2018 “ne peut être assuré” car cet objectif “pourrait être fondé sur des prévision de croissance et d’emploi optimistes”.

Le ralentissement prévu de la croissance, à 0,5% en 2012 après 1,7% en 2011, “exige un effort de volonté supplémentaire pour s’attaquer à la situation du marché du travail” où le chômage devrait dépasser 10%, selon elle, en 2012 et 2013.

Un des principaux problèmes est “le cloisonnement” du marché français du travail, explique la Commission en soulignant “la chute spectaculaire” de la probabilité de passer d’un contrat à durée déterminée à un contrat à durée indéterminée entre 1995-96 et 2010 (de 45% à 12,8%), contre une moyenne de 25,8% dans l’UE.

Bruxelles redoute que le chômage ait en France “un impact durable sur le capital humain” et juge “préoccupante” la situation des jeunes.

Autre “défi majeur”, les exportations françaises avec une part du commerce mondiale en baisse non seulement pour des raisons de coût mais aussi du fait de la compétitivité hors coûts.

“Le déficit durable depuis 2004 de la balance commerciale française met en lumière la détérioration de la compétitivité de l’économie française, notamment en comparaison avec certains de ses partenaires de l’Union européenne”, souligne la Commission. La France a enregistré en 2011 un déficit commercial record de plus de 70 milliards d’euros.

“L’innovation est considérée comme un des moteurs clés de la compétitivité hors prix”, souligne la Commission et les dépenses de recherche et développement de la France représentaient 2,26% du PIB en 2010 contre 2,08% en 2007 mais “restent très en deçà de l’objectif de 3% de ce pays”.

Elle appelle la France à à créer de meilleures opportunités de carrière pour les détenteurs d’un doctorat dans le secteur privé. Les programmes de l’enseignement supérieur devraient accorder “plus systématiquement une place aux matières relatives à l’innovation et l’entreprenariat”, recommande Bruxelles.

La Commission déplore par ailleurs “le poids des réglementations en France” et appelle à “des simplifications”.