Pour la quatrième année consécutive –la première édition (juin 2008) s’est tenue à l’Espace Charenton, dans le 12ème arrondissement-, Champerret, quartier du Nord-Ouest de Paris (17ème arrondissement), s’est réveillé vendredi 25 mai habillé des banderoles du Salon de l’Immobilier Tunisien à Paris (SITAP), ce rendez-vous annuel des promoteurs immobiliers avec les Tunisiens Résidents à l’Etranger (TRE), principalement en France. Et qui semble tenir le coup malgré le contexte difficile, des deux côtés de la Méditerranée. C’est du moins le pari qu’ont fait les exposants.
Cette année, ils étaient une bonne centaine au rendez-vous de la 5ème édition du SITAP, où ils sont venus proposer près de 300 projets, achevés ou en cours de réalisation. Et leurs espoirs ne semblent pas avoir été déçus. D’autant qu’avec le temps, les exposants –promoteurs, immobiliers, etc.- ont appris à tirer le meilleur profit de cette manifestation qui a beaucoup changé au fil des ans.
Durant les deux premières éditions, le SITAP a été mi-salon mi-foire, avec un nombre de visiteurs se comptant en dizaines de milliers sur trois jours. Ce qui compliquait singulièrement la tâche des exposants, débordés et incapables de répondre à toutes les sollicitations.
Depuis la troisième édition, en 2010, la manifestation a perdu progressivement sa dimension grand public pour se professionnaliser petit-à-petit. «Les visiteurs ne viennent plus, comme au début, pour assouvir leur curiosité, mais pour acheter», observe Mme Najoua Baccouche Ardin, commissaire général du SITAP.
«Au début, nous recevions surtout des prospects en grand nombre qui venaient pour collecter des données. Aujourd’hui, nous avons à faire surtout à des clients potentiels», confirme Mme Lamia Tlili, directeur commercial à la Banque de l’Habitat. Qui assure que le SITAP est devenu un rendez-vous incontournable avec les Tunisiens Résidents à l’Etranger.
D’ailleurs, le salon a aujourd’hui un noyau dur à la fois de visiteurs et d’exposants. «Généralement, nous voyons défiler au fil des ans les différentes composantes d’une famille. Après avoir acheté eux-mêmes, les parents reviennent ensuite avec les enfants, puis des parents, des amis, etc.», analyse Mme Baccouche Ardin. Et ceux-ci ne viennent pas que de France.
«Cette année, nous avons de la publicité dans plusieurs pays, dont l’Angleterre et le Luxembourg, mais pas en Hollande d’où nous sont pourtant venus des visiteurs. Car nous avons une page Facebook que nous tenons à jour», note Mme Baccouche Ardin.
Parmi les exposants, le SITAP compte «près de 60% de fidèles», qui répondent présents tous les ans. Parmi eux figurent de grands groupes comme Soroubat et, surtout, la Banque de l’Habitat.
Soroubat n’a raté aucune des cinq éditions, et cela pour deux raisons. D’abord, parce que ce groupe, et contrairement à la plupart des autres promoteurs immobiliers, est présent dans tous les segments, du logement social au très haut standing, en passant par l’économique, l’économique amélioré, le standing, etc.
Outre qu’elle lui permet de répartir et minimiser le risque, cette démarche lui permet d’avoir toujours des logements à vendre –ce qui n’est pas le cas de ses concurrents. Et puis même si jamais il se retrouverait à sec, il ne raterait pas pour autant le SITAP dont ils font un autre usage: «Notre présence ici nous permet de mieux connaître la très importante clientèle-cible que sont les TRE, et comprendre ce qu’ils veulent. D’autant qu’ils ont des critères de choix différents de ceux des Tunisiens de l’intérieur. Alors que ces derniers accordent de l’importance surtout au prix du logement, les TRE sont plus sensibles à son lieu d’implantation, à la qualité du bâti, à la rapidité des formalités, etc.», explique Samir Turki, directeur commercial de la branche immobilière de Soroubat.
D’autres grands groupes ont, à l’instar de Soroubat, brillé par leur présence aux cinq éditions du salon. C’est le cas notamment des groupes Amen Bank, Banque Nationale Agricole (BNA) et la Banque de l’Habitat, qui tous les ans s’offraient les plus grands et plus beaux stands occupés par les banques et les sociétés immobilières gravitant autour.
Mais à la différence de Soroubat, la plupart des promoteurs immobiliers n’exposent au SITAP que lorsqu’ils ont quelque chose à vendre. Ainsi, le groupe Zouari a pris part à la première édition en 2008, s’est absenté des trois suivantes pour revenir cette année.
«Entre 2009 et 2011, nous n’avons réalisé que de l’immobilier de bureau; et le SITAP n’est pas l’endroit indiqué pour vendre des bureaux», estime Mohamed Zouari, l’un des enfants du fondateur Ahmed Zouari. Cette année, le groupe revient en force, avec sept projets (trois en cours, un à peine lancé et trois en étude).
Entré dans l’immobilier en 2005, Ridha Ben Lamine, un promoteur basé à Hammamet, a attendu d’avoir terminé son premier projet pour venir au SITAP mettre en vente ses 60 appartements standing.
De même, certaines sociétés de promotion ont pris part à l’une des premières sessions, ont ensuite disparu de la circulation pour revenir ces jours-ci. «Certaines sociétés se sont laissées tenter par les sociétés françaises d’intermédiation qui promettaient de leur amener des clients. Mais il s’est avéré qu’il n’en est rien parce que seul le Tunisien comprend le Tunisien», observe la commissaire générale du salon.