Italie : le vinaigre balsamique, un secteur durement touché par les séismes

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ée par le séisme chez un producteur de vinaigre balsamique à Mirandola dans la région de Modène. (Photo : Olivier Morin)

[30/05/2012 14:15:36] SAN FELICE SUL PANARO (AFP) Produit en Emilie-Romagne, région du nord de l’Italie frappée par deux séismes en dix jours, le vinaigre balsamique, dont la saveur aigre-douce est connue des gourmets du monde entier, a payé un lourd tribut comme l’autre spécialité de la région, le parmesan.

“Le premier séisme (du 20 mai) a fait plus de dégâts que le deuxième” qui a frappé la région mardi, et “aux 10-15 millions d’euros de dégâts du premier séisme, devraient s’ajouter 5 à 6 millions de plus”, a indiqué à l’AFP Cesare Mazzetti, président de l’association du vinaigre balsamique de Modène.

Le nord de Modène, où étaient situés les épicentres des deux séismes, abrite une dizaine de producteurs de vinaigre classé IGP (Indication géographique protégée) et plusieurs vinaigreries traditionnelles produisant du vinaigre d’appellation d’origine protégée (AOP), le plus cher.

Produit exclusivement dans les provinces de Modène et de Reggio Emilia, le vinaigre balsamique peut coûter jusqu’à 1.500 euros le litre pour le vinaigre AOP vieilli 25 ans. Le prix d’un litre de vinaigre IGP varie lui de 4 à 20 euros.

Devant les décombres de son hangar, à San Felice sul Panaro, Giancarlo Pontiroli qui produit du vinaigre de vin en gros pour les producteurs de balsamique, contemple avec désolation les dégâts.

Une énorme citerne en acier inoxydable gît par terre tandis que la violence du séisme de mardi a fait sauter les vannes d’autres citernes, d’où se sont écoulés des torrents de vinaigre.

Au total, 300.000 litres ont été perdus, soit 14% du vinaigre stocké par cette entreprise familiale employant une quinzaine de personnes.

“Ma frustration comme entrepreneur, c’est d’avoir travaillé toute une vie et de voir que tout peut s’écrouler en 30 secondes. Si l’Etat ne nous aide pas, nous serons à genoux”, explique-t-il.

Le premier séisme a fait perdre 100.000 litres de vinaigre balsamique sur une production annuelle totale de 93 millions de litres, ce qui n’aura donc pas de conséquences sur l’approvisionnement du marché, mais un fort “impact sur l’économie locale”, selon M. Mazzetti dont l’entreprise, située à Cavezzo, près de l’épicentre du séisme, a aussi subi de graves dommages.

Les professionnels n’ont pas encore d’estimations du nombre de litres perdus à cause du séisme de mardi. Mais “les dommages sont dans tous les cas plus au niveau des structures que du produit fini”, souligne M. Mazzetti.

“Cela représentera des coûts supplémentaires de reconstruction pour tout le secteur déjà touché par la crise” économique dans laquelle est empêtrée l’Italie et aura un “impact sur l’image” des spécialités de la région, alors que le premier séisme a durement touché “l’autre excellence de la zone, le parmesan”, souligne M. Mazzetti.

Selon lui, “ceux qui ont le plus souffert sont les producteurs de vinaigre traditionnel car c’est un vinaigre très cher, vieilli de 12 à 25 ans dans les greniers de vieilles maisons et qui coûte de 500 à 1.500 euros le litre”.

Président de l’association des producteurs de vinaigre traditionnel, Enrico Corsini confirme que cinq ou six vinaigreries traditionnelles sur 200 ont subi des dommages, ce qui représente quand même “énormément d’argent”.

“Des batteries (petits tonneaux rangés en ordre décroissant servant au vieillissement du produit, ndlr) se sont retournées et le vinaigre s’est répandu par terre”, soupire-t-il.

Outre le vinaigre, le séisme du 20 mai avait frappé l’autre grande spécialité de la région, le parmesan avec des dégâts estimés à 250 millions d’euros pour les producteurs de ce fromage et de son cousin, le grana padano (moins âpre et plutôt utilisé rapé).

Selon le syndicat agricole Coldiretti, les dégâts des deux séismes pour le secteur agricole de l’Emilie Romagne, qui représente 10% de la production nationale, s’élèvent à environ 500 millions d’euros.