Le groupe anglais, Clarke Energy, N°1 en Grande-Bretagne de la cogénération électrique, a organisé un séminaire à l’adresse des opérateurs tunisiens. L’électricien britannique, qui a déjà équipé des opérateurs de l’industrie, du pétrole et une collectivité publique en Tunisie, soutient que son process s’inscrit dans le plan tunisien d’optimisation énergétique. La cogénération c’est la décentralisation de la production industrielle chez l’utilisateur. Elle réduit par conséquent le coût pour l’utilisateur et assure l’autonomie énergétique pour le pays. A cette occasion, l’ambassadeur de Grande Bretagne, nous a accordé l’entretien suivant.
WMC : L’ambassade, dans son volet économique, focalise essentiellement sur le secteur de l’énergie. Votre parrainage du séminaire de Clarke Energy vient le confirmer. Quelles raisons à ce ciblage sectoriel?
Chris O’connor: Ce n’est vrai qu’en partie. Dans notre stratégique d’engagement et de croissance en Tunisie, nous opérons sur deux volets. Il y a les domaines où nous possédons un positionnement fort et où nous sommes déjà présents. Mais il y aussi notre volonté d’élargir le champ de la coopération avec la Tunisie. Je veux éviter de tout focaliser sur l’énergie. D’un autre côté, je ne veux pas me priver d’exploiter nos points forts. C’est notamment l’esprit avec lequel j’appuie les efforts de Clarke Energy, qui est en pôle position sur son secteur et dont la solution peut beaucoup apporter aux priorités de la Tunisie dans le domaine énergétique.
Mais, je puis vous assurer que nous sommes d’ailleurs en train d’observer les secteurs financier et touristique de même que l’enseignement où British Council est engagé dans plusieurs programmes.
Clarke est présent dans de nombreux pays. Elle compte quelques réalisations en Tunisie et un grand empressement à développer sa présence en Tunisie. Vise-t-elle à faire de la Tunisie un pays vitrine pour ses solutions technologiques?
Cela est vraisemblable et les dirigeants de Clarke sont mieux placés que moi pour répondre. Toutefois, quand je vois que Clarke, qui dispose, comme vous l’aviez précisé, d’un important network international, commencer à peine à pénétrer le marché tunisien, je me dis qu’il existe un grand potentiel de croissance, au service du développement de la Tunisie. C’est d’ailleurs pour cela que je veux les encourager.
En général nos partenaires européens accompagnent leur offre technologique d’une ligne de crédit public. Pourquoi cela n’a pas été le cas?
Nous avons une approche des échanges qui est différente de celle de plusieurs autres pays. Nous faisons une séparation complète entre la coopération et l’économie. Nous ne lions pas un programme de coopération à la condition d’achat d’équipements anglais. Quand nous intervenons dans un programme de coopération, notre seul souci est d’aider la Tunisie, sans chercher à placer du matériel anglais.
Pour ce qui est de l’économie et du commerce, nous faisons confiance au marché. Quand nos entreprises proposent les meilleurs produits aux meilleurs prix, nous les encourageons dans le marché libre sans influencer les décisions de leurs clients par des facilités financières. Ce serait anti économique.
Quels opérateurs du public et du privé avez-vous associés à ce plan de développement?
Nous essayons d’établir un lien avec tous les stakeholders publics, c’est-à-dire le gouvernement via le ministère de l’Industrie, de même que la STEG, mais également l’ETAP ainsi que l’ANME. Le réseautage avec l’ensemble de ces intervenants a été mis sur pied. Et je rappelle que la Tunisie possède un dispositif institutionnel complet. Et a facilité l’entrée en relation et le développement des affaires pour Clarke.
La solution Clarke permet au consommateur de produire de l’électricité à moindre coût. C’est vrai des opérateurs privés mais aussi publics. A l’actif de Clarke d’avoir converti l’hôpital londonien Queen Mary totalement indépendant aujourd’hui. Est-il prévu de prospecter les collectivités en Tunisie?
Chaque fois qu’un pays se soucie de rationaliser sa consommation énergétique, il se présente une opportunité de partenariat. Nous observons que la Tunisie s’engage dans cette stratégie. Les solutions Clarke se déclinent aussi pour les collectivités publiques et leur prospection est à l’ordre du jour.
Tunisian Men know tunisian business est-il prévu d’employer des compétences tunisiennes et y aura-t-il un transfert de technologie pour la Tunisie?
Sans m’immiscer dans la politique du groupe, je pense qu’il est de bon ton que chaque entreprise d’envergure qui exerce en Tunisie associe des compétences locales. C’est une demande recevable. Clarke exerce dans un domaine très pointu et je pense qu’au fur et à mesure du développement des affaires, ce sera de plus en plus réalisable. Clarke véhicule une offre de partenariat structurant pour le secteur de l’énergie et elle aura certainement besoin de compétences tunisiennes.
La Tunisie serait-elle une plateforme de développement pour Clarke au plan régional et peut-être africain?
C’est une hypothèse de travail qui est vraisemblable et nous soutiendrons une telle orientation. Le tout sera de savoir s’il est possible d’établir une connectivité entre les marchés de la région surtout s’il a plus de progrès dans le cadre politique avec les pays ciblés par le groupe. Dans le cadre de ma mission, je convie les entreprises britanniques qui s’installent en Tunisie à ouvrir leurs horizons dans cette direction.
Un pôle de compétitivité de technologies électriques est-il envisageable?
A l’heure actuelle, Clarke Tunisie demeure de taille modeste et ne peut à elle seule assurer un tel projet. Il faudrait qu’elle se développe davantage pour commencer à interférer avec la communauté scientifique y compris à l’échelle du Maghreb. C’est dans l’ordre des choses. Il faut aussi que les universités en manifestent le besoin. Mais on peut agir à l’échelle des centres de formation professionnelle, et là on peut obtenir des résultats immédiats avec des programmes de training alternés avec le travail.
D’ailleurs, British Council nous prépare le terrain. Elle est engagée dans un programme de réforme avec ces centres pour perfectionner le style d’enseignement et les programmes en anglais.
Comment juger le potentiel du business dans la Tunisie post révolution?
Je vois un potentiel de confiance. Clarke ainsi que les autres opérateurs anglais n’ont pas quitté après la révolution. Chaque fois que je parle avec eux, je les trouve optimistes et engagés dans des programmes d’avenir. En Tunisie, l’environnement de travail est favorable à l’investissement, le pays regorge de compétences, la main-d’œuvre est qualifiée. Il est naturel que les opérateurs convertissent ces opportunités en projets concrets.
Que ne l’aviez-vous dit cela aux experts de Standard & Poor’s, votre excellence!
Hélas, ils ne m’obéissent pas. Ils sont indépendants.