Texmed 2012 se tiendra comme prévu, du 3 au 5 octobre 2012, au Palais des expositions du Kram, dans un contexte assez particulier sur tous les plans. «C’était la décision de la Fédération nationale du Textile (FENATEX) de maintenir cette édition. C’est une décision courageuse, malgré les difficultés existantes», lance Abdellatif Hamam, directeur général du Centre de Promotion des Exportations (CEPEX), lors de la conférence de presse organisée ce 30 mai 2012.
En effet, la conjoncture actuelle est assez difficile aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique. Mais le maintien de ce genre d’événements économiques internationaux ne fait que réconforter la confiance des investisseurs en la destination Tunisie. Le secteur textile et habillement, comptant plus de 2.000 entreprises et près de 200.000 emplois, est un secteur stratégique pour l’économie tunisienne.
Crise européenne…
Bien qu’il connaisse plusieurs difficultés, le secteur a pu résister à plusieurs crises structurelles telles que la crise financière de 2008 mais aussi la période post-révolution en 2011. Des crises qui ont touché naturellement sa performance mais qui ont également montré sa force à maintenir la cadence. En 2012, le secteur a réussi à décoller malgré des baisses vertigineuses durant l’année 2011. Il a réalisé une augmentation de 9% à fin février 2012 contre 5% à fin décembre 2010.
La tendance à la baisse a repris à partir du mois de mars. Pour les quatre premiers mois 2012, les exportations ont reculé de 5,92% et les importations de 3,7%. Un recul dû essentiellement à la crise financière en Europe et son impact sur la consommation et sur le pouvoir d’achat des Européens. Vu que les exportations tunisiennes sont majoritairement destinées au marché européen, cette situation influe sur les commandes des entreprises tunisiennes. Mais ceci ne veut pas dire que le secteur doit sombrer dans l’incertitude. «On ne baissera pas les bras», déclare Samir Haouet, directeur général du Centre Technique du Textile (CETTEX).
Evidemment, les perturbations sécuritaires et sociales ont eu un impact sur la performance du secteur en début 2011, mettant en évidence les lacunes structurelles dont souffrent les entreprises tunisiennes. Belhassen Ghrab, président nouvellement élu de la FENATEX, évoque les blocages au niveau du port de Radès, l’absentéisme exagéré, les faiblesses dans la formation, un code d’incitations à l’investissement vétuste, les coûts énergétiques, etc.
Optimisme….
Mais au-delà de ce tableau noir, les industriels du secteur restent optimistes. «Ce sont des difficultés chroniques. Elles ne datent pas d’aujourd’hui. Il est vrai que la gestion au jour le jour est difficile, mais on est toujours optimiste. Le textile et habillement est un secteur porteur de valeur ajoutée. En tant qu’industriels, nous devons soutenir sa reprise et sa croissance sur le long terme», affirme un industriel, en ajoutant que ce qui préoccupe le plus les investisseurs c’est le retard dans les délais de livraison des commandes. Une question gérable si les autorités concernées sont assez réceptives en matière de logistique et aussi si les revendications sociales s’atténuent et le climat sécuritaire s’améliore.
De son côté, Samir Ben Abadallah, président de la Chambre syndicale des fabricants de lingerie, estime que les problèmes existent mais il faut aussi voir les points positifs. «Nous avons des lois qui encouragent l’investissement étranger. Des marques de renommée internationale sont installées en Tunisien et maintiennent leurs investissements», indique-t-il. Un avis que partage M. Haouet qui affirme que la Tunisie est devenue même une plateforme de développement produit.
30% de remplissage…
D’ailleurs, le changement de la date de tenue de Texmed s’inscrit dans cette logique. Le salon euro-méditerranéen du textile se tient habituellement au mois de juin. Sur la demande des professionnels, la 13ème édition a été reportée au mois d’octobre, une nouvelle date pour ce rendez-vous international. «Cette date coïncide avec la période d’achat pour l’été 2013. L’objectif est de positionner la Tunisie comme site de sourcing de proximité et du court terme. Texmed 2012 intervient aussi après les salons des matières», explique Riadh Attia, commissaire général du salon.
Texmed 2012 abritera 250 exposants tunisiens et étrangers, dont 80 ont déjà confirmé leur participation, soit un taux de remplissage de 30%, à quatre mois de sa tenue. L’objectif est d’accueillir 3.000 visiteurs professionnels dont 700 étrangers. Selon M. Attia, la Turquie sera représentée en force, comme d’habitude, sur une surface de 500 m², en plus des pays membres de l’Accord d’Agadir, de la France, de l’Italie et même du Pakistan. Mais les organisateurs visent aussi à atteindre de nouveaux marchés tels que la Russie et les pays arabes. Rappelons qu’en 2010, année de référence, le salon avait abrité 280 exposants et accueilli 2.748 visiteurs.
La 13ème édition présente également un nouveau concept et une nouvelle répartition des espaces, à savoir Texmed Fashion (maille, prêt-à-porter, lingerie et balnéaire, jeans et sportswear), Texmed Sourcing (tissus et accessoires), Texmed Pro (vêtements professionnels et d’image, vêtements de sécurité, vêtements en textile technique et autres équipements techniques), Texmed Services (délavage, sérigraphie, broderie, études, logistiques, logiciel) et enfin Texmed Young Designers (jeunes créateurs, écoles de mode, bureaux de style).
Appui spécifique…
Le salon accueillera aussi pour la première fois des petites entreprises et des jeunes promoteurs. Un appui spécifique leur sera apporté afin de faciliter leur participation à Texmed 2012. Selon M. Haouet, le CETTEX a procédé au ratissage d’une trentaine d’entreprises textile à Kasserine. «Une belle découverte», lance M. Haouet, qui affirme que ces entreprises ont la capacité d’évoluer et de développer leurs activités au-delà de l’échelle locale.
«Nous voulons leur faire profiter d’une visibilité au niveau international et leur donner l’opportunité de présenter leurs offres. Nous avons découvert des compétences cachées. La maind’œuvre ne manque pas,contrairement à ce qui se passe dans les zones côtières. Le potentiel est énorme. Je pense que l’avenir du textile est bien dans les régions intérieures», estime-t-il.
Ces entreprises bénéficieront, ainsi, d’une assistance technique et d’un coaching ciblé. L’objectif est d’encourager de nouveaux investissements dans le secteur et dans les régions intérieures. «La qualité est présente. La productivité aussi. Il y a un gisement assez important de compétences», ajoute M. Haouet.
Texmed 2012 créera certainement l’événement cette année avec ses nouveaux concepts et surtout dans un contexte particulier. Il a l’avantage de remettre en route la dynamique que connaît le secteur textile et habillement. «C’est tout simplement la fête du textile», lance M. Ghrab.