[31/05/2012 13:57:06] PARIS (AFP) Le président d’Air France-KLM a annoncé jeudi que la résolution sur la prime de 400.000 euros versée à l’ancien dirigeant du groupe franco-néerlandais Pierre-Henri Gourgeon serait “probablement rejetée” mais que cela n’impliquerait pas son remboursement par l’intéressé.
“Compte tenu de la position exprimée par l’actionnaire étatique, il est assez probable qu’elle soit rejetée”, a déclaré Jean-Cyril Spinetta lors de l’ouverture de l’assemblée générale des actionnaires.
“Le code du commerce est d’une très grande clarté (…) Le rejet, s’il intervient, n’aura pas de conséquence directe sur cette indemnité dont il a été bénéficiaire”, a-t-il ajouté.
La prime controversée, que le nouveau gouvernement a appelé M. Gourgeon à rembourser au nom de la “morale”, a été accordée à l’ancien directeur général d’Air France-KLM après son éviction en octobre 2011, en contrepartie d’un engagement de non-concurrence d’une durée de trois ans.
“Mon sentiment personnel, en tant que président, est que cette clause a été décidée de façon raisonnable, de bon droit et qu’elle a protégé l’entreprise”, a défendu jeudi Jean-Cyril Spinetta.
Il a fait valoir que cette clause de non-concurrence avait déjà dû s’exercer sur Pierre-Henri Gourgeon, qui avait été “approché par une compagnie du Golfe”. Il a toutefois reconnu que la polémique autour de cette prime s’exprimait en raison de la situation financière délicate de l’entreprise.
Le président a enfin mis en avant la politique actuelle sur la rémunération des dirigeants du groupe. Il a notamment souligné que son propre salaire fixe de 200.000 euros annuels n’avait pas évolué depuis 2009, bien qu’il ait repris depuis des fonctions opérationnelles.
M. Spinetta a également relevé que l’une des premières décisions du nouveau PDG d’Air France, Alexandre de Juniac, avait été de réduire de 17% le salaire de 58 cadres.
Cette mise au point n’a suscité aucun éclat dans la salle du Carrousel du Louvre, où se tient l’assemblée générale. L’atmosphère était des plus calmes en dépit des appels à manifester.
“On fait beaucoup de bruit pour pas grand chose (…). Le contrat a été signé, il faut désormais l’assumer”, a déclaré à l’AFP Michel Charpentier, l’un des actionnaires, à l’ouverture de l’assemblée.
La polémique tient au fait qu'”on demande aux salariés de se serrer la ceinture et de réduire leur train de vie”.
Selon Gérard Cathelin, autre actionnaire, Pierre-Henri Gourgeon n’a pas d’autre choix que d’y renoncer s’il souhaite “continuer à se regarder dans la glace normalement”.
Il a estimé que s’il ne s’y résignait pas, “il serait entaché à vie par cette polémique”. “Il risque de tout perdre”, a-t-il dit.
“En tant qu’ancien PDG d’une société d’agro-alimentaire, j’estime que la première chose qu’un dirigeant doit faire pour redresser son entreprise est de réduire son salaire”, a-t-il commenté, tout en regrettant que cette polémique soit mise sur la place publique.
Endetté, plombé par des pertes, Air France-KLM est en pleine restructuration. Il escompte économiser 2 milliards d’euros d’ici fin 2014.