[31/05/2012 14:18:21] PARIS (AFP) Rejet d’une prime à l’ex-directeur général d’Air France, refus d’un parachute doré et d’une retraite chapeau au PDG de Safran: le gouvernement multiplie les coups pour concrétiser sa volonté de contenir les rémunérations des patrons d’entreprises dont l’Etat est actionnaire.
Bercy a affirmé jeudi que le gouvernement prendrait les “mesures conservatoires nécessaires” pour éviter les excès dans les entreprises publiques, en attendant la loi qui doit limiter les écarts entre les salaires.
Premier à en faire les frais, Jean-Paul Herteman, le PDG de Safran, qui s’est vu refuser le parachute doré et la retraite chapeau qu’il avait soumis à l’Assemblée générale de l’équipementier aéronautique et de défense.
Les deux résolutions, rejetées l’une et l’autre à environ 55%, avaient pourtant été adoptées “à l’unanimité” le 21 avril 2011 par les 15 membres du Conseil d’administration, dont quatre représentants de l’Etat.
Cette fois-ci, l’Etat a profité des 30% de parts qu’il détient dans Safran pour voter contre ces résolutions, “sur instruction du ministre”, et faire pencher la balance.
“Le gouvernement donne ainsi, à nouveau, un signal fort de sa volonté de changement sur la question des rémunérations”, s’est félicité le ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, dans un communiqué.
“Partout où l’Etat est majoritaire, il imposera notre politique, c’est-à-dire une politique de limitation de l’échelle salariale. Là où il est minoritaire, il cherchera à convaincre”, a réaffirmé jeudi le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, à l’issue du Conseil des ministres, et à un peu plus d’une semaine du premier tour des élections législatives.
Une communication “dans les trois semaines”
ée générale des actionnaires, le 31 mai 2012 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Jeudi après-midi, c’était au tour de l’ex-directeur général d’Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon, d’être sur la sellette, le gouvernement ayant annoncé qu’il s’opposerait au versement d’une prime de 400.000 euros, qui doit être validée par les actionnaires.
L’Etat détient 15,8% d’Air France, mais son action risque d’être sans effet sur M. Gourgeon.
Jeudi matin, M. Moscovici a remis la pression, estimant sur France Inter que “la morale voudrait que, de lui-même, Pierre-Henri Gourgeon rembourse cela”, alors que la restructuration difficile d’Air France pourrait se solder par plusieurs milliers de suppressions de postes.
“Compte tenu de la position exprimée par l’actionnaire étatique, il est assez probable (que la prime) soit rejetée”, a déclaré le président d’Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, lors de l’ouverture de l’assemblée générale des actionnaires.
Mais “le code du commerce est d’une très grande clarté (…) Le rejet, s’il intervient, n’aura pas de conséquence directe sur cette indemnité dont il a été bénéficiaire”, a-t-il ajouté.
L’ex-patron d’Air France n’a pu être joint par l’AFP, mais l’un de ses proches a estimé qu’il n’avait “aucun intérêt à renoncer à cette prime”, en arguant qu’elle était “juridiquement inattaquable”.
Le ministère de l’Economie a promis qu’il proposerait “très prochainement de nouvelles règles sur la rémunération des dirigeants d’entreprise”.
“La réduction de la hiérarchie des salaires au sein des entreprises publiques, de 1 à 20, pour les mandataires sociaux sera faite et, comme l’a dit (le Premier ministre) Jean-Marc Ayrault, elle sera faite rapidement”, a affirmé M. Moscovici, promettant une communication “dans les trois semaines”.