ée mexicaine (Photo : Francisco Vega) |
[01/06/2012 10:11:19] CANCUN (AFP) Les cartels mexicains ont de plus en plus recours à internet pour communiquer, recueillir des informations ou même recruter, laissant un certain nombre de traces qui pourraient être mises à profit pour les combattre, affirment des experts antidrogue réunis au Mexique.
La lutte contre la criminalité était au centre d’une réunion de représentants des 33 pays de l’Organisation des Etats américains (OEA) réunis cette semaine à Cancun (sud-est du Mexique) pour définir un plan continental de lutte contre ce fléau qui gangrène la région.
Les cartels mexicains et leurs réseaux transfrontaliers, par lesquels transite la plus grande partie du trafic de drogue vers les Etats-Unis, sont les premiers visés.
Pour lutter de concert, experts, responsables policiers et militaires étudient de nouveaux mécanismes pour centraliser et obtenir des informations, mais cherchent aussi à rattraper leur retard technologique sur les criminels.
Parmi les pistes étudiées pour recueillir ces informations, figurent les dispositifs de géo-localisation permettant de retrouver les criminels grâce aux données envoyées avec leurs téléphones portables ou ordinateurs.
L’institut privé américain Southern Pulse a ainsi pu établir une carte interactive et évolutive des activités et zones de recrutement du narcotrafic à Monterrey (nord du Mexique).
Les plus grands groupes criminels du Mexique, tels que celui des Zetas, connu pour son extrême cruauté, ou de Sinaloa, du puissant “capo” Joaquin “El Chapo” Guzman, utilisent depuis longtemps internet pour terroriser leurs ennemis avec des vidéos de leurs exécutions, mais ils ont plus récemment découvert bien d’autres avantages à exploiter la toile.
Ces derniers mois, des jeunes détenus aux Etats-Unis ont rapporté avoir été recrutés par des cellules des Zetas via des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter avant de prendre les armes ou de participer à des transports de clandestins.
“De nombreux messages sont camouflés derrière des félicitations ou d’innocentes salutations sur les réseaux sociaux”, expliquait récemment à la presse un expert mexicain du renseignement militaire.
Un rapport de l’agence américaine anti-drogue (DEA) signalait également fin 2011 que les cartels “observent sur les réseaux sociaux (les comptes) de leurs membres pour obtenir des informations” notamment sur leurs familles, qu’ils ne manquent pas d’exploiter en cas de désertion.
Certains groupes comme les Zetas comptent aussi maintenant des pirates informatiques dans leurs rangs, chargés de débusquer adresses, numéros de téléphone ou données bancaires de leurs victimes potentielles d’extorsion ou d’enlèvement, précisait le même rapport.
Une information confirmée par le directeur de Southern Pulse, Samuel Logan, qui a averti cette semaine devant des journalistes à Mexico qu’il existe “un lien entre la criminalité organisée et des cellules locales de hackers”.
Ainsi selon lui, les gouvernement doivent s’organiser pour protéger leur accès au cyberespace.
“Une meilleure collaboration en matière d’échange d’informations en temps réel est nécessaire en vue de mettre en place des opérations plus efficaces”, confirme depuis Cancun le général de police colombien Oscar Naranjo.
Selon lui, les gouvernements doivent prendre exemple sur les criminels, qui ont su très tôt exploiter le potentiel des nouvelles technologies.
Signe de la vulnérabilité des criminels face à internet, la libération fin 2011 par les Zetas d’un membre du collectif de pirates informatiques Anonymous, après la menace par ces derniers de la divulgation de données cruciales sur l’organisation criminelle.