Après Standard & Poor’s, “l’agence de notation Fitch Ratings va réviser sa note de défaut émetteur à long terme en devises attribuée à la Tunisie avant fin 2013”, a déclaré Ikbel Bedoui, directeur général de Fitch Ratings – Afrique du Nord. Cette note sera-t-elle à contre courant de de celles attribuées à la Tunisie par les autres agences de notation?
Rappelons que l’agence avait dégradé, en mars 2011, la note souveraine de la Tunisie à BBB- avec perspectives négatives et confirmé ce rating en février 2012. Et M. Bedoui de préciser que FR “devra trancher concernant les perspectives négatives de sa notation, soit par une augmentation, un passage à “stables” ou encore la dégradation d’un degré”.
Fitch Ratings, qui prend ses décisions d’une manière indépendante, a encore déclaré le responsable, se base, dans ses notations, sur des indicateurs objectifs, dans une réponse à des déclarations du ministre chargé des Dossiers économiques, Ridha Saïdi, qui a fait part, la fin de la semaine dernière, de sa conviction que les notations attendues de trois agences (Fitch Ratings, Moody’s et R&A) seront meilleures que la notation attribuée à la Tunisie par Standard &Poor’s.
Il a par ailleurs indiqué que la stabilité politique pèse beaucoup sur la notre d’un pays, soit à raison du 1/3 des critères adoptés, ajoutant que les deux tiers sont liés à l’évaluation de l’état de la finance publique, aux équilibres financiers extérieurs, à la politique économique en général et à d’autres indicateurs économiques de base, tel que le revenu par tête d’habitant.
Sur le plan politique, M. Bedoui a fait remarquer “qu’il s’agit d’une évaluation du comportement du système institutionnel dans le pays et de sa capacité à préserver la stabilité”.
L’agence évalue également “les méthodes de prise de décision, le degré de recours aux règles de bonnes gouvernance et de transparence de gestion, les phénomènes de corruption, la qualité des décisions gouvernementales et les relations internationales, notamment, avec les pays voisins”, a-t-il encore précisé.
En ce qui concerne l’économique, FR œuvre à suivre les divers indicateurs publiés dans le pays et à contacter les responsables des diverses institutions (BCT, ministère des Finances, du Développement économique) ainsi que les représentants du secteur privé (patronat) tout en prenant en considération les rapports de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).
Pour le responsable, l’agence considère que le rendement de la politique monétaire de la Tunisie est “raisonnable”. L’agence avait, pourtant, confirmé, dans son rapport de février 2012, que la politique budgétaire expansionniste adoptée par la Tunisie est de nature à augmenter le volume de la dette publique qui influence, structurellement, la notation de la Tunisie depuis des années.
FR a relevé que “le déficit budgétaire plus élevé que prévu… pourrait aussi justifier une dégradation de la notation de la Tunisie”.
Le rapport de l’agence a fait état aussi “d’éventuels risques”, au vu de la situation politique du pays et de la continuité des protestations et des sit-in dans plusieurs régions telles que le bassin minier de Gafsa, manifestations qui perturbent le rythme de production et d’exportation des phosphates.
L’agence évoque aussi dans son rapport “une probabilité de report” des élections prévues pour la mi-2013, ce qui pourrait peser aussi sur la note attendue de la Tunisie”.
WMC/TAP