La Société tunisienne d’électricité et du gaz (STEG) est une entreprise pionnière en Tunisie au niveau de l’emploi des ingénieurs. En effet, fondée en 1962 par un centralien, feu Mokhtar LAATIRI, un visionnaire, la STEG emploie actuellement environ un millier d’ingénieurs, sur un effectif global (en 2012) de plus de 9.000 agents actifs, ce qui donne un taux d’encadrement de 23,7%, soit l’un des plus élevés pour une entreprise publique en Tunisie.
Je rappelle que la mission principale de la STEG, qui est une entreprise publique à caractère industriel et commercial, est la production, le transport et la distribution de l’électricité et du gaz. En outre, la STEG a pour mission l’électrification du pays, le développement du réseau gaz naturel et la réalisation d’une infrastructure électrique et gazière ainsi que la production du gaz de pétrole liquéfié GPL.
La STEG compte à son actif plus de 3 millions de clients basse tension et 467.107 clients gaz, un montant d’investissements de 926 millions de dinars tunisiens, un chiffre d’affaire de 2.064 millions de DT hors taxes, un parc de production électrique de 2.975 MW et, enfin, un taux d’électrification de 99,5%, soit le plus élevé en Afrique. Des statistiques à faire des émules notamment parmi les pays dotés d’immenses réserves de pétrole et gaz.
La Tunisie est l’un des rares pays africains où il n’existe pas de délestage, où le taux d’électrification est le plus élevé et où le prix de l’électricité est l’un des moins chers, ce qui favorise le développement industriel. A titre d’exemple, l’Afrique du Sud, la première puissance économique du continent africain, souffre du sous-dimensionnement de son réseau électrique et pratique le délestage, c’est-à-dire le rationnement électrique; le coût de l’électricité au Mali ou au Benin est 4 fois supérieur à celui de la Tunisie. D’où un réel handicap pour l’industrialisation.
Par ailleurs, la STEG est l’entreprise pionnière dans le domaine de l’essaimage en Tunisie; on lui doit la totalité de l’industrie électrique en Tunisie, avec plus de 48 projets d’essaimage (dont 26 projets déjà créés et 22 en cours de création) dans divers domaines, notamment les travaux de gaz, maintenance électrique et mécanique et le génie industriel, avec un investissement global de 21 milliards et la création de près de 500 emplois permanents. Cinq des 26 projets l’ont été dans le cadre du décret “congé pour création d’entreprise“.
A noter également que la SIAME a été créée ex-nihilo par la STEG puis cédée au secteur privé dans le cadre de la privatisation.
Cependant, dans ce tableau si rose, qui fera sans doute plaisir au management et aux cadres de la STEG, il y a un point noir. En effet, si la STEG a beaucoup fait pour l’industrie, elle n’a rien ou très peu- fait pour les services et les TIC. Cela s’est encore vérifié lors les journées de l’UPDEA (Union des producteurs, transporteurs et distributeurs d’énergie électrique d’Afrique) que la STEG a organisées à Hammamet, les 28, 29 et 30 mai 2012, rencontre au cours de laquelle Ridha BEN MOSBEH, actuel PDG de la STEG, a été élu président de cette union.
En effet, lors de la réunion annuelle qui s’est déroulée à Tunis, la STEG a eu la bonne initiative d’organiser une exposition autour de ces partenaires tunisiens et internationaux, ou fournisseurs, fabricants, intégrateurs, sociétés de services, de maintenance, câblerie, installateurs, bureau d’études ont exposé leur savoir-faire et/ou leurs produits.
Malheureusement, il y avait un absent de taille, le secteur des TIC et des nouvelles technologies. Aucun partenaire logiciel de la STEG n’était présent, ni Arabsoft (son fournisseur d’ERP), ni SIGA (son fournisseur de GRH), ni les solutions logicielles de télérelève, ni les solutions des compteurs intelligents comme Alphatec, ou fournisseurs de Mpaiement comme Himilco ou de cartes de recharges comme Printsecure. Faute de les avoir invitées.
Alors que les TIC et les solutions immatérielles envahissent actuellement le secteur de l’électricité, et on parle même de plus en plus de “green computing“, de solutions informatiques peu consommatrices d’électricité, de Cloud Computing, de solution de télérelève dont une start-up tunisienne a conçu, développé et fabriqué une solution intégrée “made in Tunisia“. Selon nos informations, il s’agirait d’Alphatec Technology basée à la Technopole de Mghira et dédiée à l’aéronautique, ou de compteur prépayé –sachant que la STEG fait face actuellement à un problème d’impayés de factures électriques, et à un refus de relève de la part des citoyens et un problème d’intervention pour couper l’alimentation électrique. Dus au contexte de la révolution et qui met l’équilibre financier de la STEG en péril.
A l’occasion de cette réunion, la STEG avait l’occasion de faire valoir le savoir-faire tunisien qui s’exporte bien pour ses propres besoins et pour le promouvoir aux visiteurs africains venus nombreux faire leurs emplettes ou favoriser l’établissement de contacts avec les fournisseurs et prestataires tunisiens. Une occasion en or a été perdue pour le secteur TIC, mais également pour la STEG et pour la Tunisie.
Cet exemple montre bien le chemin qui reste à faire et les erreurs à combler pour relancer l’investissement et réduire le chômage. Du moins pour celui qui veut bien entendre!
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