ées dans une centrale à charbon à New Haven, aux Etats-Unis (Photo : Saul Loeb) |
[02/06/2012 11:41:44] ELBLAG (AFP) Le charbon a quasiment disparu du paysage énergétique français, mais cette ressource peu chère et abondante est promise à un bel avenir sur la planète pour satisfaire l’appétit des pays émergents, un engouement sur lequel mise le géant industriel Alstom.
En décembre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a dit s’attendre à une hausse de 18% de la demande mondiale en charbon d’ici à 2016, après un bond de 70% sur la période 2000-2010.
Cette croissance sera dûe essentiellement à l’Asie, alors qu’au contraire l’utilisation du charbon stagne ou recule dans les pays occidentaux, en raison de l’activité économique léthargique en Europe de l’Ouest, et aussi de l’essor du gaz de schiste qui a fortement diminué son attractivité aux Etats-Unis.
Décrié en Occident pour ses émissions de CO2, le charbon présente de nombreux atouts aux yeux du monde émergent: des ressources abondantes et beaucoup mieux réparties que les autres énergies fossiles (la Chine et l’Inde disposent d’énormes réserves), sans oublier un faible coût.
Résultat, à l’échelle de la planète, le charbon génère plus de 40% de la production d’électricité (contre environ 4% en France) il pèse la moitié du marché des nouvelles centrales électriques, loin devant le gaz ou les énergies alternatives.
Alstom revendique plus de 10% de ce gigantesque gâteau de 40 milliards d’euros par an, dont les deux tiers situés en Asie, et le groupe espère accroître sa part du marché dans les années qui viennent.
“Le charbon n’est pas +sexy+, mais la réalité, c’est que c’est un énorme marché”, résume Andreas Lusch, responsable des activités liées au charbon au sein de la division énergie d’Alstom.
Dans ce domaine, “nous avons construit un portefeuille d’activités sur plusieurs décennies, et heureusement, nous l’avons conservé pendant que d’autres groupes s’en défaisaient”, a-t-il souligné, en présentant cette semaine à la presse l’usine de turbines à vapeur d’Elblag, dans le nord-est de la Pologne, qui figure au coeur de cette stratégie puisque sa production équipe essentiellement des centrales à charbon.
Technologies moins polluantes
ées dans une centrale à charbon à New Haven, aux Etats-Unis (Photo : Saul Loeb) |
Alstom en a hérité à la fin des années 1990 lors du rachat d’activités du groupe helvético-suédois ABB. Et depuis, il a augmenté considérablement les investissements sur le site, qui fut la première entreprise du pays à être privatisée après la chute du régime communiste.
Après avoir doublé en 1999 la capacité de la fonderie dont est dotée l’usine, à 12.000 tonnes de fonte et d’acier par an, Alstom a investit 30 millions d’euros dans un nouvel atelier de soudure de rotors (la partie mobile des turbines), inauguré jeudi.
Dans les immenses entrepôts d’Elblag, des rangées de rotors à divers stades d’assemblage et d’énormes corps de turbines de plusieurs mètres de diamètre remplissent les ateliers, en attendant d’équiper des centrales électriques en Pologne ou à l’autre bout de la planète (Etats-Unis, Indonésie, Turquie…).
Pour séduire les électriciens, Alstom fournit des centrales à charbon dites “supercritiques” et “ultrasupercritiques”, qui permettent, en brûlant le charbon à des températures et des pressions sans cesse plus élevées (jusqu’à plus de 600 degrés et 275 bars), d’accroître les rendements, rendant ainsi les centrales plus économiques, et en même temps moins polluantes.
“En faisant appel à ces nouvelles technologies, vous pouvez réduire les émissions de CO2 de jusqu’à 20%”, fait valoir M. Lusch.
Alstom revendique aussi un rôle moteur dans le développement des technologies de captage et de stockage du CO2. Leur décollage est pour l’instant freiné par un coût prohibitif. Andreas Lusch estime qu’elles pourraient devenir compétitives seulement d’ici “une dizaine d’années”.
Autre initiative, Alstom a conclu en avril 2011 un accord stratégique majeur avec le chinois Shanghaï Electric (SEC) prévoyant le rapprochement de leurs activités de chaudières à vapeur au sein d’une coentreprise à 50/50, qui se placerait au premier rang mondial.
Mais le projet a pris du retard, et Andreas Lusch se garde bien d’avancer une date pour la finalisation de l’opération. “Nous sommes toujours en négociations, elles sont très complexes car c’est un accord aux implications mondiales”, justifie-t-il, tout en assurant qu’elles seront menées à bien.