éléphones portables et des cartes SIM (Photo : Etienne Laurent) |
[05/06/2012 09:35:52] PARIS (AFP) Les policiers parisiens ont récemment découvert dans plusieurs magasins de l’est de la capitale française un logiciel capable de débloquer et réactiver les téléphones portables volés, obligeant les autorités à réfléchir avec les opérateurs à une nouvelle riposte.
L’idée de bloquer les téléphones portables volés, une mesure contenue dans la loi sur la sécurité intérieure (Loppsi 2) votée en mars 2011, était censée enrayer la hausse des vols pendant un moment… Elle n’aura finalement fonctionné que quelques mois.
“De toute façon on se doutait bien qu’un jour où l’autre, le blocage des téléphones allait sauter. Techniquement, les voyous trouvent toujours une solution”, résume une source policière.
Avec cette mesure, les opérateurs ont en effet l’obligation de bloquer sous quatre jours les mobiles volés après le dépôt de plainte au commissariat. L’opérateur transmet le numéro d’identification du téléphone (numéro Imei) à une banque européenne implantée à Dublin en Irlande. C’est ensuite cette banque qui bloque le téléphone, censé le rendre inutilisable.
“Cette mesure a clairement porté ses fruits”, rappelle un enquêteur. Dans la capitale, les vols de téléphones portables ont en effet baissé de près de 20% entre avril 2011 et avril 2012. Mais la parade arrive à bout de souffle.
La police parisienne vient en effet de révéler une faille béante du système: un logiciel baptisé “Z3X” que les enquêteurs ont retrouvé récemment dans une cinquantaine de magasins de téléphonie de l’est parisien.
Ce logiciel permet de réactiver les téléphones bloqués, soi-disant inutilisables, afin de les remettre sur le circuit, en reprogrammant le numéro Imei. Ce délit est passible de deux ans d’emprisonnement et 37.500 euros d’amende, rappelle une source policière.
Risque d’une recrudescence des vols
Une fois débloqués et réactivés, ces téléphones sont ensuite remis en vente dans certaines officines, ou alors dans la rue à la sauvette, ou sur internet. “Les acheteurs éventuels ne peuvent pas savoir que le téléphone qu’ils achètent a été volé”, explique un enquêteur. Et si cette barrière tombe, le risque d’une nouvelle recrudescence de vols de téléphones n’est pas à exclure.
Depuis maintenant plusieurs semaines, le ministère de l’Intérieur tente de trouver la riposte. Des réunions ont été organisées avec la Fédération française des télécoms, regroupant les différents opérateurs.
Parmi les pistes abordées: une meilleure traçabilité du téléphone et un accès plus simple au numéro Imei. Celui-ci est en effet rarement connu des utilisateurs lorsqu’ils viennent déposer plainte, ce qui peut ralentir l’enquête. Ce numéro est visible sur la facture de téléphone ou bien récupérable sur internet, sur le site mobilevole-mobilebloque.fr, explique une source policière.
“Nous souhaiterions qu’il y ait un gravage synthétique sur le portable du numéro Imei directement sur le téléphone”, explique Franck Carabin, porte-parole de la direction de la sécurité de la proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP).
La réflexion porte également sur la mise en place de signaux silencieux, qui indiqueraient de manière régulière dans la journée la position du téléphone.
“Nous souhaiterions in fine que les constructeurs puissent mettre en place un dispositif qui permette de rendre totalement inutilisable le téléphone portable à distance lorsqu’il est volé”, ajoute Franck Carabin.
Une chose est en tout cas certaine, selon une source policière, “il va falloir vite trouver quelque chose”.