La pression s’intensifie sur la Grèce à l’approche d’élections cruciales

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èce à Athènes, le 30 mai 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[05/06/2012 11:48:16] ATHENES (AFP) Moins de deux semaines avant les élections législatives cruciales du 17 juin, la Grèce subit à nouveau une intense pression de la part des pays occidentaux et des marchés pour respecter les engagements du plan de rigueur et éviter de sortir de l’euro.

La Grèce devait être au menu de la teléconférence prévue mardi à la mi-journée entre les ministres de l’Economie du G7 sur la crise dans la zone euro, accentuée par la violente tempête économique traversée par l’Espagne.

Après moult mises en gardes européennes contre la tentation, pour Athènes, de s’affranchir de la cure d’austérité exigée par ses bailleurs de fonds en échange de son sauvetage, l’agence de notation américaine Standard and Poor’s a prévenu lundi qu’elle voyait désormais “au moins une chance sur trois” pour que la Grèce “sorte de la zone euro”.

S&P rappelle dans son rapport qu’il existe “une possibilité” que les élections du 17 juin “conduisent à la formation d’un gouvernement fondamentalement opposé à la mise en oeuvre des conditions du programme” d’assainissement des finances imposé par l’UE et le FMI en échange de leur aide.

Echaudés par de douloureuses coupes budgétaires, des baisses de salaires et une cinquième année consécutive de récession, les électeurs grecs ont rejeté les politiques d’austérité soutenues par les principaux partis lors du scrutin du 6 mai, qui n’a pas permis de dégager de majorité gouvernementale.

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ésente le programme de son parti, le 1er juin 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

Devenu deuxième force politique du pays au terme de ce scrutin, le chef de la gauche radicale grecque Syriza, Alexis Tsipras – au coude à coude dans les sondages avec le parti conservateur Nouvelle Démocratie -, a affirmé vendredi son intention, s’il remportait les élections, d'”annuler” le mémorandum imposant à la Grèce des mesures drastiques de rigueur et de renégocier un nouveau plan davantage axé sur la croissance.

La Nouvelle Démocratie prône de son côté une renégociation, mais plus modérée, des termes de la cure d’austérité.

Or, d’après S&P, les partenaires européens de la Grèce sont de moins en moins enclins à tolérer “des déviations durables et significatives” vis-à-vis de ce programme.

La Grèce doit rester dans la zone euro mais “elle doit faire les choix qui le permettent”, a averti lundi à Bruxelles le ministre français des Finances Pierre Moscovici. “Il faut tenir les engagements pris”.

De son côté, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a de nouveau défendu mardi la rigueur prônée par l’Allemagne: “Il n’y a pas de chemin facile” pour la Grèce ou l’Espagne et “les pays touchés ne peuvent pas éviter les réformes” pour redevenir compétitifs, souligne-t-il dans la presse allemande.

Le risque d’une sortie de la zone euro de la Grèce est aujourd’hui bien réel, assurent onze éminents économistes grecs, dont George-Marios Angeletos du Massachusetts Institute of Technology et Dimitris Vayanos de la London School of Economics, dans une tribune publiée mardi dans le journal libéral Kathimerini.

Le seul espoir, y jugent-ils, est que les élections débouchent sur la formation d’un gouvernement “qui devra confirmer la volonté de la Grèce de garder l’euro, mettre en place des réformes structurelles cruciales et de coopérer avec les créanciers internationaux pour revoir certains aspects de l’accord sur la dette tout comme doper les investissements et la croissance”.

“En Grèce, il existe des attentes peut-être trop élevées quant à la marge de négociation dont nous disposons”, renchérit mardi dans un éditorial Kathimerini, en prédisant au pays “un atterrissage rude”.

Un retour à la drachme serait “probablement très coûteux pour la population grecque”, conclut S&P.