Banques : “possibilité sérieuse” que Chypre ait besoin d’une aide de l’UE

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ésident de Chypre, Demetris Christofias, le 18 avril 2012 à Nicosie

[05/06/2012 19:20:57] NICOSIE (AFP) Le gouvernement chypriote a reconnu mardi qu’il existait “une possibilité sérieuse” que Chypre ait besoin d’un soutien financier de l’Union européenne pour son système bancaire, très exposé à la crise grecque.

“La mise en place d’un mécanisme financier de stabilité pour aider le système bancaire, en raison de problèmes liés à une exposition excessive des banques à la Grèce, est une possibilité sérieuse”, a déclaré à la presse le porte-parole adjoint du gouvernement, Christos Christofides.

Il a souligné que ce recours éventuel visait uniquement à “soutenir le système bancaire”.

M. Christofides a précisé que le gouvernement étudiait différentes façons de soutenir les banques, y compris un prêt contracté “ailleurs”. Moscou a déjà prêté 2,5 milliards d’euros à Chypre pour l’aider à faire face à des échéances de dette.

Le gouverneur de la Banque centrale de Chypre, Panicos Demetriades, avait déjà affirmé ces derniers jours que son pays n’était pas loin d’une demande d’un plan de sauvetage européen pour son système bancaire.

Le pays est à “un moment important, crucial”, avait-il dit au Financial Times, reconnaissant que la nécessité d’obtenir avant fin juin au moins 1,8 milliard d’euros pour recapitaliser la Marfin Popular Bank, la deuxième banque du pays et la plus exposée à la dette grecque, rendait un recours à l’UE plus probable.

Nicosie est actuellement en discussions avec les autorités européennes pour repousser l’échéance jusqu’à fin août, selon M. Demetriades.

Le président chypriote, Demetris Christofias, n’avait pas non plus exclu vendredi que le pays ait recours au Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de sauvetage de la zone euro mis en place pour aider les pays les plus vulnérables.

Les banques chypriotes, très présentes en Grèce, détenaient en masse des obligations de l’Etat grec dont elles ont vu la valeur réduite à néant après l’opération de restructuration de la dette grecque.

“Chypre fait face à des problèmes dans son secteur financier depuis un certain temps, essentiellement à cause de sa grande exposition à la Grèce. Et l’accord pour la participation du privé au 2e programme grec a accentué ces pressions”, a réagi mardi Amadeu Altafajet, porte-parole d’Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques.

“Un sauvetage n’est pas négocié”, a-t-il précisé, tout en ajoutant: “Nous restons en contact avec les autorités chypriotes”.

Lundi, un porte-parole de la Commission européenne, Olivier Bailly, avait souligné que la Commission était “confiante” dans le fait que le pays allait “surmonter les défis auxquels il est confronté”.

L’économie chypriote, déjà en récession en 2011 (-0,7%), s’est encore contractée de 1,4% au premier trimestre 2012 par rapport à la même période de l’année précédente, selon des chiffres officiels. Pour l’année 2012, le ministère des Finances prévoit un recul de 0,5% et la Commission européenne une baisse de 0,8%.

Dans ses recommandations annuelles publiées la semaine dernière, la Commission européenne a affirmé que Chypre était confrontée à “des défis multi-dimensionnels”.

Le pays n’a appliqué “que partiellement” de précédentes recommandations et doit encore corriger ses finances publiques, recapitaliser ses banques, réformer les marchés du travail et des services, les systèmes de retraite et de santé, ainsi que le secteur énergétique, a-t-elle insisté.

La République de Chypre, dont l’autorité ne s’étend que sur le sud de l’île, le Nord étant occupé par la Turquie depuis 1974, doit occuper la présidence tournante de l’UE à partir du 1er juillet.