é au Salon E3 de Lois Angeles le 6 juin 2012 (Photo : Frederic J. Brown) |
[07/06/2012 06:27:43] LOS ANGELES (AFP) Des musiques et des créations visuelles spécifiquement imaginées pour les jeux vidéo sont à l’honneur du salon E3, la grand-messe du jeu vidéo à Los Angeles, à travers une exposition et un concert destinés à donner ses lettres de noblesse au “huitième art”.
L’exposition, organisée en marge du salon, montre le travail des créateurs des décors et de l’environnement visuel de plusieurs jeux vidéos du calibre de Halo 4, Skullgirls, The Last of Us et Diablo III.
“C’est comme avec le cinéma (des origines). Le jeu vidéo est une nouvelle forme artistique, le huitième art. Tout dépend de comment tu le vois et de l’usage que tu en fais”, déclare Xin Wang.
Le dessinateur chinois a créé un impressionnant gros plan de Leah, le personnage principal de Diablo III (du studio Blizzard), à l’expression hyperréaliste, entre la préoccupation et la terreur.
Mais le jeu vidéo “n’est pas seulement un art. Il y a d’autres composantes qui font le jeu, il a une utilité. Parfois, les joueurs ne se réunissent pas uniquement pour s’amuser, mais pour d’autres choses”, ajoute l’artiste.
Une autre exposition, dans le cadre de l’E3, retrace les 40 ans d’histoire du jeu vidéo — dans laquelle les nostalgiques peuvent jouer sur un Atari original — pendant qu’un orchestre symphonique interprète des musiques composées pour Skyrim, Diablo, World of Warcraft ou Donkey Kong.
La quête de reconnaissance du jeu vidéo comme une forme d’art a été récemment encouragée par le prestigieux musée Smithsonian à Washington, qui a organisé en mars une exposition intitulée “L’art dans les jeux vidéo”.
Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Le critique de cinéma Roger Ebert, l’un des plus respectés aux Etats-Unis, s’était ainsi fendu en 2010 d’un texte qui avait fait grand bruit dans le milieu du jeu vidéo, affirmant que cette forme d’expression ne serait jamais un art.
Citant Platon, qui a défini l’art comme “une imitation de la nature”, Roger Ebert affirmait dans le Chicago Sun Times qu'”une différence évidente entre l’art et les jeux, c’est qu’un jeu, ça se gagne. Il y a des règles, des points, des objectifs et des résultats”.
De plus, ajoutait-il, l’art est l’oeuvre d’un individu, pas d’un travail collectif. Il peut être réalisé à plusieurs, mais reste l’idée d’une seule personne”.
Matt Lava, un illustrateur de 26 ans — qui expose l’un de ses travaux, un décor désertique pour le jeu Journey, de Sony — objecte que “dans quelques années, les gens ne penseront plus en ces termes”.
Considérer le jeu vidéo comme une forme d’art “est quelque chose de nouveau dans la conscience publique, parce que les jeux vidéo gagnent en maturité et que le travail devient plus sophistiqué”, dit-il.
Matt Lava compare son travail à la peinture. “Il y a des peintures qui sont artistiques et d’autres qui sont fonctionnelles. C’est la même chose avec les jeux vidéo”, observe-t-il. “Il y en a qui essaient d’être artistiques, qui ont quelque chose à dire, qui regorgent de sens. D’autres se contentent d’accumuler les points et n’ont pas de prétention artistique”.