éesse Athéna, patronne de la capitale grecque (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[07/06/2012 09:21:06] ATHENES (AFP) Les puissants armateurs grecs affichent une attitude défensive à la grand-messe du transport maritime, qui se tient à Athènes, face à la conjoncture internationale morose et aux critiques contre leurs privilèges fiscaux dans une Grèce au bord du naufrage.
Malgré un message volontairement optimiste -“Le business continue en Grèce!”-, le salon biennal Posidonia, le plus grand événement mondial de la marine marchande, se déroule jusqu’à vendredi sous de sombres auspices.
En sus des inquiétudes sur l’avenir de la Grèce dans la zone euro, l’agence de notation Moody’s a placé le transport maritime mondial sous perspective négative pour les 12 à 18 prochains mois, estimant que la persistance d’une offre de navires supérieure à la demande et les cours du pétrole mettaient les marges du secteur sous pression.
événement mondial de la marine marchande, le 4 juin 2012 à Athènes (Photo : Angelos Tzortzinis) |
“Nous anticipons en 2012 une baisse de 5% à 10% du résultat brut d’exploitation (Ebitda) cumulé pour l’industrie mondiale du transport maritime”, très sensible à la conjoncture, a affirmé le vice-président de Moody’s, Marco Vetulli.
Un climat incertain qui n’épargne pas les armateurs grecs, détenteurs de la première flotte mondiale. Avec plus de 3.000 navires, ils font naviguer près de 15% du tonnage de la planète et près d’un quart des pétroliers au monde.
En 2011, leurs activités ont rapporté 14 milliards d’euros à la Grèce, en baisse de 8,6% sur un an.
“Les armateurs grecs ne sont pas directement affectés par la crise grecque car leur activité est internationale. En revanche, la crise mondiale a un impact sur l’industrie”, a expliqué à l’AFP un organisateur du salon, Theodore Vokos, en accusant “la baisse des volumes transportés, une surcapacité (de navires)” ainsi que l’assèchement du crédit.
La santé de cette industrie revêt une importance majeure pour la Grèce, écrasée par le poids de sa dette. Fleuron de l’économie avec le tourisme, la marine marchande représente entre 5% et 7% du PIB du pays.
Toutefois, sa contribution directe à l’emploi reste modeste car les marins sont en majorité issus des pays en voie de développement.
En outre, les armateurs nationaux, bénéficiaires de généreuses exonérations d’impôts gravées dans la Constitution, sont montrés du doigt alors que la population grecque est soumise à une sévère cure de rigueur.
La gauche radicale Syriza, favorite des sondages avec les conservateurs à l’approche des législatives du 17 juin, compte supprimer ces cadeaux fiscaux.
érim Panayiotis Pikrammenos ouvre le sa salon Posidonia, le 4 juin 2012 à Athènes (Photo : Angelos Tzortzinis) |
Au Salon, le Premier ministre par intérim Panayiotis Pikrammenos a plus sobrement appelé les armateurs “à soutenir leur patrie qui traverse des moments difficiles”.
“La Grèce a plus que jamais besoin de nouveaux investissements, de nouveaux emplois et de liquidités”, a-t-il affirmé.
Or, “entre 2000 et 2011, les recettes de la marine marchande grecque ont atteint 154 milliards d’euros”, mais “la moitié (de cette somme) a été transférée à l’étranger”, a-t-il déploré en appelant de ses voeux “une politique pour retenir ces devises en Grèce”.
Les héritiers du célèbre armateur Onassis, dont certains figurent au classement Forbes des fortunes mondiales, sont toutefois peu enclins à soumettre leurs bénéfices à l’impôt, même au nom de la solidarité nationale.
“Nous ne faisons pas partie du problème, mais de la solution”, rétorque John Lyras, ancien président de l’Union des armateurs grecs, en vantant les vertus de la libre entreprise.
“Les armateurs grecs contribuent à l’économie”, renchérit Theodore Vokos. “Certes, l’industrie opère essentiellement hors de Grèce, mais elle emploie des gens ici, achète des bureaux, finance des bourses…”
“Le gouvernement ne peut pas se permettre de tuer l’un des deux seuls secteurs qui marchent bien en Grèce”, tranche George Karageorgiou, PDG de Globus Maritime, dans les pages du magazine spécialisé Ship Management. “Si les armateurs partent pour Singapour, environ 200.000 personnes perdront leur emploi”, menace-t-il.