La Chine baisse ses taux d’intérêt pour la première fois depuis 2008

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Des billets de banque chinois

[07/06/2012 13:09:09] PEKIN (AFP) Les taux d’intérêt de référence en Chine sur les emprunts et les dépôts à un an vont être abaissés de 0,25 point de pourcentage à compter de vendredi, tandis que les banques pourront s’éloigner davantage que par le passé de ce taux de référence, a annoncé jeudi la banque centrale, une décision destinée à stimuler davantage l’activité.

Il s’agit de la première baisse des taux d’intérêt en Chine depuis 2008. Elle intervient avant la publication samedi des indicateurs économiques pour mai, ceux d’avril ayant mis en évidence un ralentissement plus fort que prévu de la production industrielle, notamment.

La baisse des taux d’intérêt constitue une nouvelle mesure d’assouplissement monétaire qui s’ajoute à trois baisses successives des taux de réserves obligatoires des banques depuis le mois de décembre, dans le but de leur permettre de prêter davantage et de stimuler par là l’activité.

Le taux de référence d’emprunt à un an passe de 6,56% à 6,31%, tandis que la rémunération des dépôts à un an diminue de 3,50% à 3,25%.

Les banques pourront offrir à leurs clients une rémunération des dépôts jusqu’à 10% supérieure au taux de référence, ce qui n’était pas le cas jusque là.

Pour les taux d’emprunt, les banques pourront proposer des crédits moins chers, dans une limite de 20%, au taux de référence déterminé par la banque centrale, alors que la limite jusqu’ici était de 10%.

“C’est un changement très important car il s’agit d’une libéralisation des taux d’intérêt que certains appelaient de leurs voeux depuis de nombreuses années”, a réagi Ken Peng, économiste chez PNB Paribas à Pékin.

“La plupart des gens ne s’attendaient à un tel changement avant le 18e congrès” du Parti communiste cet automne, qui doit voir une nouvelle génération de dirigeants arriver au pouvoir, selon cet analyste.

“Le fait que cela arrive maintenant montre qu’il y a un consensus fort pour une libéralisation financière et une réforme du secteur financier”, ajoute M. Peng.

“Cela montre que la situation de l’économie chinoise est grave”, a estimé de son côté Hu Xingdou, professeur d’économie à l’Institut de technologie de Pékin.

Le mois de mai a été marqué en Chine par un fort ralentissement de l’activité manufacturière, qui pèse 30% du PIB de la deuxième économie mondiale.

Les exportateurs chinois souffrent notamment de crise en Europe, leur premier débouché, tandis que la demande intérieure peine à prendre le relais et que l’investissement, bien que toujours à un niveau élevé, baisse aussi.

Les exportations de la Chine n’ont augmenté que de 6,9% en rythme annuel au cours des quatre premiers mois de l’année, contre 20,3% en 2011 et 31,1% en 2010.

Dans le même temps, la croissance du produit intérieur brut (PIB) est passée de 10,4% en 2010 à 9,2% en 2011, avant de tomber à 8,1% au premier trimestre 2012.