à Duppigheim, en juillet 2000 (Photo : Gerard Cerles) |
[08/06/2012 13:41:38] PARIS (AFP) La reprise par Alstom et le Fonds stratégique d’investissement (FSI) des tramways sur pneus Translohr semblait vendredi sur le point d’aboutir et apporterait une bouffée d’oxygène à sa maison-mère, le groupe alsacien Lohr.
“Tout le monde y est, il ne manque plus qu’une signature. Le projet demande un petit effort de la part d’un client important, la RATP, mais c’est complexe pour elle”, a expliqué vendredi matin à l’AFP une source proche du dossier. “Ca devrait se débloquer dans la journée, ou ce week-end”, a-t-elle ajouté.
Le directeur commercial de Lohr, Jean-François Argence, a expliqué vendredi matin à l’AFP que “les discussions sont en bonne voie, ça va dans le bon sens, mais ce (vendredi) matin, rien n’est signé”.
Alstom a simplement précisé que “les discussions se poursuivent”, tandis que le FSI a fait savoir qu’il “est aligné avec Alstom dans une volonté de faire aboutir les discussions en cours”.
Le montage prévoit la reprise de Translohr, qui emploie 200 personnes, ainsi qu’une partie des activités immobilières du groupe Lohr, qui compte au total 941 salariés.
Alstom et le FSI, bras financier de l’Etat, devraient débourser 35 millions d’euros pour une participation respective de 51% et 49% de Translohr, qui est actuellement l’unique fabricant de tramways sur pneus au monde. Ils devront également abonder un fonds de roulement de “plusieurs dizaines de millions d’euros pour combler la trésorerie négative”.
Sa maison-mère avait fait savoir en décembre qu’elle voulait céder une partie du capital de sa division tramway pour renflouer sa trésorerie. Elle avait alors obtenu de ses banques un délai de six mois pour rembourser un prêt de 50 millions d’euros qui arrivait à échéance, expliquait le président-fondateur Robert Lohr à l’époque.
– La menace du redressement –
Selon les syndicats, le groupe est asphyxié par une dette totale comprise entre 90 et 100 millions d’euros.
Plusieurs centaines de salariés du groupe ont manifesté jeudi à Strasbourg devant la préfecture de la région, pour demander que les pouvoirs publics soutiennent leur entreprise en difficulté.
Le duo Alstom/FSI avait annoncé le 10 avril qu’il envisageait de racheter 85% du capital de Translohr, pour “un montant de 60 millions d’euros”.
Mais la semaine dernière, les deux partenaires ont déposé une offre ferme d’un montant “substantiellement” inférieur, pour 100% du capital, car “la situation commerciale et financière de Translohr est apparue beaucoup plus difficile qu’indiqué par son vendeur”, ont-ils alors justifié.
Sévèrement touché par la crise, Lohr a déclaré en début de semaine sa filiale Lohr Industrie (700 employés) en cessation de paiements. Elle pourrait être placée lundi en redressement judiciaire lors d’une audience au tribunal de commerce de Strasbourg, à moins que les négociations sur Translohr aboutissent d’ici là.
Les salariés de Lohr Industrie, qui n’ont pas reçu leurs salaires du mois de mai, craignent un plan social dans les mois qui viennent.
“Les positions sont trop proches pour qu’il n’y ait pas d’accord”, a relevé la source proche. “Il n’est pas imaginable d’arriver lundi matin sans qu’une solution ait été trouvée”.
Mais en cas d’échec, les dirigeants du groupe pourraient tenter de trouver un autre chevalier blanc. Le directeur de Translohr Philibert d’Hotelans indiquait cette semaine au site spécialisé MobiliCités que “d’autres candidats industriels, mais aussi des fonds, ont fait part de leur intérêt”.
Le groupe chinois China south locomotive and rolling stock (CSR) ferait partie de ces candidats, selon le magazine Ville, Rail et Transports, ajoutant qu’il aurait jeté l’éponge après l’annonce d’Alstom et du FSI du 10 avril.
“L’offre de l’autre société était largement supérieure”, déclarait M. Lohr au magazine fin avril, sans nommer le constructeur chinois. “On m’a persuadé qu’il valait mieux travailler avec Alstom”.