âtiment de la banque à Bruxelles, en février 2012. (Photo : Dirk Waem) |
[08/06/2012 15:22:37] PARIS (AFP) Dexia a franchi vendredi une nouvelle étape de son démantèlement en cédant sa filiale turque Denizbank, mais la banque franco-belge va perdre plusieurs centaines de millions d’euros dans l’affaire, pourtant négociée à un prix supérieur à celui déboursé à l’achat en 2006.
L’acquéreur, la banque semi-publique russe Sberbank, va débourser 6,47 milliards de livres turques (2,8 milliards d’euros) pour racheter 99,85% des parts de Denizbank.
Au final, la cession pourrait rapporter jusqu’à 7,09 milliards de livres turques (3,1 milliards d’euros), si l’opération est finalisée au quatrième trimestre pour prendre en compte l’évolution de son actif net.
Pour autant, ce prix supérieur aux 2,6 milliards d’euros payés par Dexia pour s’offrir Denizbank il y a six ans est un trompe-l’oeil: entretemps, la livre turque s’est appréciée de 50% par rapport à l’euro et, surtout, le groupe franco-belge avait payé au prix fort son implantation en Turquie.
Dexia avait ainsi acheté en 2006 75% de la banque turque pour 1,8 milliard d’euros, soit trois fois sa valeur comptable, avant d’acquérir par la suite la quasi-totalité des parts restantes. Or, dans l’accord avec Sberbank, le prix retenu représente seulement 1,33 fois la valeur comptable de Denizbank.
L’administrateur délégué de Dexia, Pierre Mariani, avait déjà prévenu dans un entretien aux Echos fin mai que la cession de Denizbank entraînerait dans ses comptes une moins-value d’environ 700 millions d’euros.
“Dexia présentera le détail des impacts de cette cession sur ses états financiers et ses ratios réglementaires à la clôture de la transaction”, a indiqué le groupe dans un communiqué vendredi.
– Une vente mouvementée –
M. Mariani avait déjà anticipé une amélioration de 300 points de base du ratio de fonds propres de la banque grâce à cette vente.
Dexia peut tout de même se satisfaire d’avoir réussi à faire grimper le prix de sa pépite ces dernières semaines, à l’issue d’un processus de vente mouvementé.
Après le retrait de banque HSBC en janvier, la Qatar National Bank (QNB) aura longtemps été seule en lice pour la reprise de Denizbank. Une situation délicate pour Dexia, car cela affaiblissait son pouvoir de négociation.
Mais Sberbank, qui avait déjà fait part de son intérêt en octobre avant de renoncer, était finalement revenue dans la course en avril, selon une source proche du dossier. Cette situation avait permis de placer les deux prétendants en “compétition active” jusqu’à ce que QNB jette finalement l’éponge.
Denizbank affiche une croissance insolente et a dégagé en 2011 un bénéfice avant impôt de 270 millions d’euros, en hausse de 6%.
“C’est sans doute le plus bel actif parmi ceux qu’il y a sur le marché turc”, avait avancé en mai dans le quotidien Kommersant Guerman Gref, le patron de Sberbank. Cette dernière, première banque commerciale en Russie, est actuellement détenue à 57,6% par la Banque centrale de Russie.
La Belgique, la France et le Luxembourg se sont entendus fin 2011 pour garantir le financement de Dexia, première banque victime de la crise de la dette souveraine, à hauteur de 90 milliards d’euros et lui permettre de mener à terme son démantèlement.
La banque avait déjà été frappée de plein fouet par la crise de 2008. Pour lui éviter la faillite, les trois pays l’avaient renflouée à hauteur de 6,4 milliards d’euros et lui avaient déjà apporté des garanties publiques.
Il lui reste encore à vendre sa filiale de gestion d’actifs Dexia AM.