e-commerce : un incubateur allemand lance des start-up à la chaîne en France

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Un ordinateur portable (Photo : Justin Sullivan)

[11/06/2012 11:33:43] PARIS (AFP) Quatre “start-up” cohabitent dans un openspace du “Silicon Sentier”, où s’affairent des dizaines de jeunes devant leur ordinateur portable. Depuis ce local parisien, le fonds et incubateur allemand Rocket Internet lance à la chaîne des clones de sites web jugés prometteurs.

Ces jeunes pousses n’ont pas vocation à s’éterniser dans ce bureau, mais à déménager en grandissant, sur les traces du site de chaussures Zalando, venu concurrencer avec de gros moyens les champions français Spartoo et Sarenza.

Tôt ou tard, elles devraient être cédées, comme le site d’achats groupés européen City Deal, vendu au leader mondial du créneau Groupon.

Ou comme le site allemand de ventes aux enchères Alando, repris par le géant américain eBay. Deux gros “coups” qui ont forgé la réputation des trois frères allemands Samwer, à la tête de Rocket Internet.

Le fonds a ainsi lancé une dizaine de sociétés sur le marché français parmi lesquels Windu (location de logements) ou e-Darling (site de rencontres).

Plusieurs projets ont été pilotés depuis l’Allemagne. Il a été décidé de lancer Rocket Internet en France en janvier 2012, explique une porte-parole.

“L’innovation n’est pas dans la création” des modèles économiques “mais dans l’exécution”, assure-t-elle. “Il n’y a pas de plan de sortie”, mais des cessions interviennent en fonctions des “opportunités”, ajoute-t-elle.

“Ce sont souvent des +copycats+ à l’origine et on se différencie, on essaye de faire mieux”, indique Benoît Grassin, directeur général de DropGifts, l’une des quatre start-up récemment lancées dans l’Hexagone. D’autres sont dans les starting-blocks.

DropGifts s’est inspiré du suédois Wrapp, dont le modèle consiste à offrir à ses proches des cartes cadeaux d’enseignes via le réseau social Facebook.

Des modèles venus des Etats-Unis

Certaines de ces cartes sont gratuites, mises à disposition par les distributeurs en tant qu’outil de recrutement de nouveaux clients, explique-t-il, tandis que les internautes peuvent “cagnotter”, c’est-à-dire cotiser pour augmenter le montant d’une même carte.

A ces jeunes pousses, Rocket fournit de l’expérience, des ressources, du savoir-faire.

Les sites s’adaptent au marché local, précise la porte-parole, citant l’exemple de Hello Fresh, qui livre à domicile des ingrédients nécessaires à la confection d’une recette. En Allemagne ou en Scandinavie, on ne mange qu’un plat le soir, alors qu’en France, c’est entrée-plat ou plat-dessert, souligne-t-elle.

Les équipes de Rocket “répliquent des modèles qui ont fait leurs preuves et qui viennent essentiellement des Etats-Unis”, d’abord en Allemagne, puis en Europe, en faisant le pari “qu’ils iront plus vite que le leader américain pour développer ces bonnes idées”, analyse Philippe Torres, responsable conseil et stratégie numérique à l’Atelier BNP Paribas.

“Il y a une stratégie du groupe pilotée par Berlin puis une certaine liberté opérationnelle dans chaque pays”, ajoute-t-il.

“Ils mettent tous les moyens nécessaires pour faire les plus gros coups possibles”, indique Alain Laidet, organisateur de salons sur l’e-commerce. “Ils créent de petites usines d’e-commerce, c’est vraiment une industrie”.

“C’est un modèle un peu nouveau, un incubateur industrialisé. Ils ne regardent pas un projet après l’autre, ils lancent énormément de projets”, relève Marc Lolivier, délégué général de la Fédération de l’e-commerce et de la vente à distance (Fevad).

Pour l’instant, seul Groupon/City Deal s’est hissé dans le classement des quinze sites français d’e-commerce les plus fréquentés, publié par Médiamétrie/NetRatings et la Fevad.