Grèce : l’exploitation minière de l’or ne fait pas l’unanimité

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or (Photo : Sebastian Derungs)

[13/06/2012 07:30:52] ARISTOTELES (AFP) De l’or dort dans les sous-sols de la Grèce aux finances exsangues et dans le nord du pays, des villages se déchirent sur l’exploitation des prometteuses ressources aurifères relancée par la crise.

Alors que la Grèce tente d’attirer des investisseurs étrangers pour relancer son économie moribonde, l’un des projets les plus significatifs porte sur l’extraction du précieux métal jaune dans trois zones aurifères: près de Perama, en Thrace (nord-est), près de Kilkis et en Chalcidique, en Macédoine (nord).

Dans cette dernière région, une presqu’île située à une centaine de kilomètres de Salonique, la procédure est la plus avancée. En juillet 2011, le ministère de l’Environnement a autorisé l’exploitation de deux gisements d’or près d’Olympiada, terre natale du philosophe antique Aristote.

Les richesses minières de la région passent pour avoir financé les campagnes d’Alexandre le Grand. Pour parfaire le mythe, ce territoire se situe à l’entrée du Mont Athos, dont les monastères occupent la pointe est de la presqu’île.

Mais ce ne sont pas ces références illustres qui motivent le combat d’une partie des habitants contre le projet d’extraction d’Hellas Gold, filiale à 95% du canadien European Goldfields.

Quand Georgios Tsirigotis a eu connaissance de l’autorisation octroyée par le gouvernement, il a cru à un mauvais rêve. Cet universitaire de 54 ans, habitant de la région, avait encore en mémoire le combat mené contre les précédentes compagnies minières appâtées par l’or local.

En 2002, le Conseil d’Etat avait annulé, après des années de procédure, une précédente licence d’exploitation estimant que les mines présentaient “un danger imminent” pour l’environnement.

La crise grecque semble avoir changé la donne. Sur le site de l’agence d’investissement “Investingreece”, l’exploitation des métaux précieux est présentée comme un axe de développement important.

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à Megali Panagia, dans le nord du pays, le 1er mai 2012 (Photo : Sakis Mitrolidis)

Dans les mines de Chalcidique, qui produisent plomb, zinc et argent depuis des décennies, European Goldfields prévoit d’investir environ un milliard d’euros. “Quelque 150 millions ont déjà été investis et nous employons 650 salariés. A terme, nous créerons 1.500 emplois”, assure à l’AFP Petros Stratoudakis, un représentant du groupe.

“Mais combien d’emplois seront détruits dans l’agriculture et le tourisme, à cause des atteintes à l’environnement? s’inquiète Georgios Tsirigotis. L’eau qui alimente l’est de la péninsule –8.000 habitants l’hiver, 20 à 30.000 l’été– passe précisément sur le site prévu de l’exploitation.”

Chaque camp brandit ses études techniques attestant de la dangerosité environnementale du projet ou de son innocuité. L’entreprise défend l’emploi d’une nouvelle méthode d’extraction sans recours au cyanure. Ses détracteurs affirment qu’elle n’a jamais été testée dans cette configuration.

Le débat va au-delà des mots. Le collectif des opposants, qui revendique une centaine d’associations, multiplie les actions de terrain: occupations de bâtiments, manifestations, blocages des routes d’accès au site. En mars, une empoignade avec les ouvriers du groupe minier a fait plusieurs blessés.

En 2011, l’Europe avait condamné la Grèce pour avoir vendu, en 2003, les mines de Chalcidique à un prix sous-évalué et sans appel d’offre à European Goldfields. Le secrétaire d’Etat socialiste à l’Economie de l’époque est aujourd’hui maire d’Aristoteles où se situent les gisements.

Favorable aux mines d’or, Christos Pachtas, qui a quitté le gouvernement après des soupçons de corruption dans une autre affaire, est la bête noire des opposants de Chalcidique. Qui pourraient réussir à bloquer le projet en cas de victoire de la gauche radicale du Syriza aux élections du 17 juin.

Pour eux, le temps presse: les premières extraction d’or sont prévues “dans les prochains mois”, selon European Goldfield. Plusieurs recours ont été engagés en justice.