[13/06/2012 13:19:32] PINHAO (AFP) Longtemps inaccessible aux touristes en raison de ses mauvaises routes, la vallée du Douro, dans le nord du Portugal, ouvre ses vignobles aux visiteurs étrangers et espère contribuer au redressement économique du pays, durement frappé par la crise.
Mondialement renommée pour sa production de Porto, la partie portugaise de la vallée, qui commence à la frontière avec l’Espagne et rejoint la mer à Porto, est riche de plusieurs douzaines de grands domaines, les “quintas”, et de quelque 31.000 petits producteurs.
Outre ses sites préhistoriques parmi les plus grands d’Europe, ses vignobles en terrasses et ses paysages sauvages attirent irrésistiblement le voyageur pourvu qu’il apprécie le tourisme écologique ou… le bon vin.
“Si vous visitez la vallée du Douro, c’est que vous n’êtes pas un touriste comme les autres”, estime Jorge Rosas, responsable des exportations chez Ramos Pinto, une entreprise familiale fondée en 1880, racheté par le Groupe Louis Roederer en 1990. “Soit vous aimez le bon vin, soit vous aimez les paysages à couper le souffle”, précise-t-il.
Alors que le nombre de touristes reste stable, les sommes qu’ils dépensent augmentent, indique Rosalina Dias, responsable du Centre des visiteurs du Lodge Graham’s à Vila Novo de Gaia, où sont installés, en face de Porto, les chais des principaux exportateurs.
Répondant à la demande, certains ont investi et agrémenté leurs “quintas” de pensions de luxe, restaurants, salles de dégustation, boutiques et musées, alors que le Portugal est plongé dans la récession depuis l’année dernière.
Nouvelle cuisine portugaise
à un dégustation de vin à Douro, dans le nord du Portugal, le 8 mai 2012 (Photo : Suzanne Mustacich) |
Construit au 19e siècle, le Lodge Graham’s qui domine Porto est en cours de rénovation et disposera prochainement d’un restaurant spacieux, d’un bar à tapas, d’une salle de dégustation et d’un musée.
“Nous voudrions créer une nouvelle cuisine portugaise, assortie à nos vins”, explique Euan Mackay, responsable des ventes de la Maison Symington, propriétaire du Graham’s et de 26 quintas.
En remontant la vallée du Douro, on tombe sur Pinhao et sa pittoresque gare, qui date de 1880 mais abrite désormais une luxueuse boutique de vin.
“On cherchait un endroit original et la compagnie des chemins de fer cherchait un investisseur pour retaper la gare”, explique Paula Sousa, responsable pour le tourisme et la communication de l’entreprise viticole Quinta Nova, qui a rénové la gare et construit un musée à proximité, un investissement d’environ 400.000 euros.
Pendant longtemps la vallée du Douro est restée à l’écart des itinéraires touristiques. “La région a été protégée par ses mauvaises routes, non seulement des touristes, mais aussi des exportateurs de Porto”, indique Jorge Rosas.
Mais grâce aux compagnies aériennes à bas coûts et aux autoroutes financées par l’Union européenne, il est désormais possible de quitter Londres dans la matinée et déguster un “tawny” bien frappé à Pinhao dans l’après-midi.
Les responsables du commerce du vin commencent eux aussi à changer d’attitude vis-à-vis de la région. Alors qu’auparavant ils préféraient vivre à Porto, ils n’hésitent plus désormais à s’installer dans la vallée.
“Nous croyons à la qualité de nos vins et la meilleure façon de produire des raisins de qualité,c’est de vivre à côté des vignobles”, explique M. Rosas. “Mais j’aimerais bien aussi voir un tourisme de qualité”, ajoute-t-il.
L'”oenotourisme” est de plus en perçu comme le coup de pouce dont les viticulteurs ont besoin alors que les ventes ont plongé l’année dernière.
“La situation n’est pas facile”, admet M. Rosas. “Bien sûr nous essayons de vendre plus de vin mais il serait bon de ne pas compter uniquement sur les vignobles : le tourisme est peut-être la solution”, conclut-il.