[13/06/2012 13:16:47] VIENNE (AFP) Plusieurs ministres de l’Opep, mécontents de la récente chute des cours du pétrole, se sont inquiétés mercredi d’un “excès de production” sur le marché mondial, mettant en cause la forte hausse de l’offre saoudienne, au début d’une rencontre hantée également par le dossier iranien.
“Je pense clairement qu’il y a une surproduction actuellement sur le marché” du brut, a indiqué le ministre équatorien Wilson Pastor-Morris, avant le début d’un séminaire qui réunit mercredi et jeudi à Vienne les douze ministres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Le ministre libyen du pétrole Abdurahmane Ben Yazza a aussitôt abondé dans ce sens, estimant à 1,8 million de barils par jour (mb/j) l’excès d’offre sur le marché, tandis que son homologue vénézuélien Rafael Ramirez avait évoqué la veille une surproduction de 3 mb/j.
Les membres les plus conservateurs du cartel, l’Iran et le Venezuela, sont vent debout contre les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, qu’ils accusent d’avoir fortement grossi sa production au cours des derniers mois, contribuant à la dégringolade des cours du baril, qui ont perdu 25% en deux mois.
De fait, alors que l’Opep avait fixé en décembre un plafond de production de 30 millions de barils par jour (mb/j) pour l’ensemble de ses membres, leur offre totale est montée en mai à 31,86 mb/j, selon des chiffres de l’Agence internationale de l’Energie (AIE) publiés mercredi.
L’Arabie saoudite a fortement augmenté son offre depuis décembre, passant de 9,45 mb/j à plus de 10 mb/j en mai, mettant en avant les difficultés de l’économie mondiale et le fort repli de la production iranienne – tombée à son plus bas niveau depuis 20 ans en raison des sanctions internationales.
Malgré ces fortes divergences entre les pays producteurs, le secrétaire général Abdallah el-Badri s’est dit “certain que les Etats membres arriveront à un consensus” sur le niveau de production lors de leur réunion à huis clos jeudi.
M. Pastor-Morris comme M. Ramirez ont indiqué qu’ils allaient défendre un meilleur respect du plafond de production décidé en décembre, tandis que le ministre koweïtien Abdulaziz Hussain a confié s’attendre à un maintien du statu quo.
Ali al-Nouaïmi, le puissant ministre saoudien du Pétrole, esquivait mercredi les questions des journalistes après avoir annoncé ce week-end dans un entretien à la Gulf Oil Review qu’un relèvement du plafond de production “était nécessaire”, puis indiqué mardi qu’il s’agissait d’une simple possibilité.
“Le marché peut être clairement défini comme +mieux approvisionné+, mais parler d’un +sur-approvisionnement+ semble bien exagéré, en raison de la myriade d’incertitudes que nous réserve l’été prochain”, a jugé de son côté l’AIE, bras énergétique des pays consommateurs, dans son rapport mensuel.
Outre les incertitudes économiques, dominées par la crise en zone euro, le séminaire viennois de l’Opep était hanté par les incertitudes géopolitiques: Téhéran subit ces derniers mois un net durcissement des sanctions financières internationales en raison de son programme nucléaire controversé, et un embargo de l’Union européen (UE) sur le brut iranien doit être mis en place au 1er juillet.
Ces sanctions “vont conduire à déstabiliser le marché et à provoquer finalement des violents mouvements des prix”, a averti mercredi le ministre iranien du pétrole Rostam Ghasemi.
Abdallah el-Badri s’est dit “opposé à 100% à tout embargo contre un des Etats membres”, d’autant plus qu’il s’agit là du deuxième plus gros producteur du cartel.
“Restreindre drastiquement l’approvisionnement en pétrole (iranien) ne fait que compliquer la situation (pour les pays consommateurs) à un moment où l’économie de l’Union européenne est en danger”, a de son côté rappelé M. Ramirez, qui a indiqué prendre la défense d’un “pays ami”.