Crise : François Hollande attendu à Rome pour sortir du tête-à-tête franco-allemand

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çois Hollande le 23 mai 2012 à Bruxelles (Photo : Michel Euler)

[14/06/2012 04:44:59] ROME (AFP) François Hollande est attendu jeudi à Rome où il cherchera avec Mario Monti les moyens de relancer la croissance en Europe, signe d’une volonté de sortir du tête-à-tête franco-allemand pour freiner la crise financière dans la zone euro, sous pression croissante des marchés.

En un peu plus d’une semaine, le président français effectuera deux voyages à Rome puisque il est aussi convié le 22 juin par le chef du gouvernement italien à un sommet à quatre -avec la chancelière allemande Angela Merkel et le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy-, premier round avant un sommet de l’Union européenne à Bruxelles les 28 et 29 juin.

Ces deux voyages sont le signe que Paris veut “profiter de l’expérience” de l’ex-commissaire européen, et est attentif à “élargir le cercle”, à “sortir du seul tête-à-tête” avec Berlin, souligne-t-on de source diplomatique.

Les deux hommes, qui se sont déjà rencontrés à Camp David et Chicago (Etats-Unis) le mois dernier, “veulent travailler, faire des propositions communes”, même s’il ne s’agit en aucun cas de “contrer” la chancelière allemande, insiste-t-on tant à Paris qu’à Rome.

De fait, les convergences entre le président socialiste et M. Monti, qui dirige un gouvernement technique mais est considéré comme plus proche du centre-droit, sont nombreuses. Tous deux mettent clairement l’accent sur la nécessité de relancer la croissance en Europe.

M. Hollande prône des “mesures immédiates” en ce sens. M. Monti, qui a imposé aux Italiens une sévère cure d’austérité, soutient que “sans croissance, la discipline budgétaire est insoutenable”. Tous deux plaident pour l’instauration d’euro-obligations, emprunts qui permettraient de mutualiser les risques et protéger les pays fragiles des attaques spéculatives. L’Allemagne s’y oppose.

Ils prônent aussi une union bancaire, avec une supervision “intégrée”.

Sur d’autres remèdes à la crise, M. Monti, que certains experts présentent comme un “pont” entre Paris et Berlin, est toutefois plus proche de la position allemande.

L’ex-commissaire à la concurrence, fervent avocat de l’approfondissement du marché intérieur européen, plaide par exemple pour plus de libéralisations, notamment dans les secteurs de l’énergie et des transports. La France y est traditionnellement rétive, soucieuse de protéger ses entreprises publiques comme EDF ou la SNCF.

Quant à la taxe sur les transactions financières, défendue par la France, elle a le soutien de l’Italie qui estime toutefois comme l’Allemagne qu’elle ne peut être adoptée de manière unilatérale. Pour le gouvernement Monti, il conviendrait de l’appliquer en même temps dans les pays du G20, ou à défaut dans les 27 membres de l’UE, voire au moins au sein du noyau des 17 pays de la zone euro.

Outre l’Europe, les deux dirigeants évoqueront les relations bilatérales, désormais au beau fixe, après une période orageuse entre leurs prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi. Oubliés la défiance affichée quasi-ouvertement à l’égard du Cavaliere, les tensions sur l’accueil des immigrés tunisiens, les querelles sur l’appétit des groupes français pour les joyaux de l’économie italienne.

Le dernier point de friction a été réglé avec l’accord en février sur la prise de contrôle de la firme énergétique italienne Edison par le groupe public français d’électricité EDF.

Les deux hommes prépareront aussi leur traditionnel sommet bilatéral, prévu à l’automne à Paris, et évoqueront les questions de politique étrangère: la Syrie et l’Iran, sur lesquels ils sont sur la même longueur d’onde, l’Afghanistan où l’Italie -contrairement à la France- poursuit son engagement militaire. Egalement au programme des discussions: la coopération méditerranéenne et la lutte contre les groupes islamistes dans le Sahel.

Leur entretien de deux heures (de 14H00 à 16H00 GMT) sera suivi d’une conférence de presse commune. Une rencontre est prévue dans la foulée avec le président Giorgio Napolitano, qui sera également suivie d’un point de presse puis d’un dîner au Quirinal, siège de la présidence italienne.