Apple se donne les moyens de régner sur la téléphonie mobile

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ésente une application de cartes, le 12 juin 2012 à San Francisco (Photo : Justin Sullivan)

[14/06/2012 06:36:06] SAN FRANCISCO (AFP) Le groupe informatique Apple veut se donner les moyens de régner sur la téléphonie mobile, avec les nouveautés de son système d’exploitation iOS pour appareils portables, qui lui donnent la clé pour jouer sur trois tableaux à la fois: le social, le local et le mobile.

Le remplacement par un service maison – élaboré en partenariat avec le néerlandais TomTom – des plans et cartes routières en ligne fournies par Google, est au centre de cette stratégie.

Annoncée lundi, cette décision donne en effet à Apple le contrôle de toutes les applications géolocalisées, qui prennent une place croissante dans la vie des “mobinautes”, les personnes surfant sur internet via un smartphone.

“Les services basés sur localisation et les cartes sont des atouts clés”, assure l’analyste Ross Rubin, du cabinet NPD.

Couplées à l’assistant vocal Siri, les cartes d’Apple peuvent fournir un guidage routier ou aiguiller les mobinautes vers les restaurants ou les commerces qui les intéressent, ou signaler qu’il est temps de rappeler un correspondant quand on quitte une salle de réunion.

“Je crois qu’Apple comprend à quel point cette expérience est importante pour des appareils portables”, déclare l’analyste Ben Bajarin, chez Creative Strategies. Le groupe “veut contrôler cette expérience”, ajoute-t-il, et l’a “intégrée de façon très utile à son environnement fermé”.

L’environnement fermé d’Apple désigne le contrôle total qu’exerce le groupe à la pomme à la fois sur le matériel et les programmes de ses appareils.

“Maintenant que la plateforme d’Apple pourra exploiter les avancées des technologies liées à la localisation, les perspectives de services géolocalisés séduisants et rentables n’ont jamais été meilleures”, pour le directeur de la recherche chez Frost & Sullivan, Brent Iadarola.

A la fin mars, Apple avait déjà vendu plus de 365 millions d’appareils portables, qu’il s’agisse de baladeurs iPod, de téléphones iPhone ou de tablettes iPad, selon le responsables des programmes sous iOS Scott Forstall.

La prochaine version de ce système d’exploitation, iOS 6, promet plus de 200 améliorations, dont plusieurs pour Siri.

Elle comporte aussi l’application Passbook, censée pouvoir stocker des cartes de fidélité, des tickets de cinéma ou des cartes d’embarquement.

Passée relativement inaperçue lundi, cette application, qui permettra par exemple de valider des codes barres affichés sur l’écran d’un téléphone à une bonne d’enregistrement, a un grand potentiel, selon certains.

Par exemple une carte de fidélité pourrait s’afficher chaque fois qu’un mobinaute passe à proximité du commerce concerné.

Cette ébauche de portefeuille numérique “signifie que le prochain iPhone aura une puce NFC (Near Field Communication, technologie de transfert sans contact) ou un moyen de paiement”, estime Charles Golvin, du cabinet Forrester, soit par le biais d’un compte bancaire ou de carte de crédit associé, soit via un compte iTunes.

Google a déjà intégré des puces NFC et un système de paiement et de cartes de fidélité dans les téléphones Nexus fonctionnant sous son système Android.

“On dirait qu’Apple est décidé à supplanter Google sur tous les fronts”, déclare l’analyste indépendant Rob Enderle.

D’après lui, avec cette évolution, “on commence à voir se dessiner l’Apple de Tim Cook”, qui envisage le marché en termes d'”écosystème” comprenant à la fois les appareils et les applications, au lieu de se focaliser surtout sur la vente d’appareils au design séduisant qui étaient la spécialité du légendaire fondateur Steve Jobs.

Apple développe donc iOS pour concurrencer les services de ses rivaux, au premier rang desquels Google afin de ne pas se laisser prendre ses clients.

Il s’est notamment allié à cette fin avec le site communautaire Facebook, désormais intégré dans iOS et même dans la boutique en ligne iTunes, où il sera possible de signaler à ses “amis” ce qu’on “aime”. “Cela relève de la logique l’ennemi de mon ennemi est mon ami”, estime M. Rubin, en plus d’apporter l’élément communautaire à l’écosystème.