La Bourse Amal pour l’encouragement à l’emploi.
Pour répondre à la demande pressante des chômeurs et de permettre à ces derniers d’avoir plus de dignité, le gouvernement BCE avait décidé d’octroyer une bourse de 200 DT assortie d’une couverture médicale à tout primo-demandeur d’emploi (toute personne ayant exercé, d’une manière continue, une activité économique pendant une période qui ne dépasse pas une année à partir de la date d’obtention de son diplôme). L’octroi de cette bourse n’a pas été assorti de conditions particulièrement difficiles à réaliser, si ce n’est de se présenter au bureau de l’emploi à chaque demande, de montrer qu’il y a des efforts fournis pour rechercher un emploi et d’actualiser mensuellement son inscription auprès du bureau de l’emploi (http://www.emploi.gov.tn/index.php?id=106). Aucune obligation particulière, ni pour améliorer son employabilité, ni pour se recycler, ni pour suivre des formations pour le développement de compétence, ni autre obligation pour remédier au moins à l’une des raisons du chômage souvent invoquées, à savoir l’inadéquation de la formation au marché, alors que cela était initialement prévu.
Cette bourse était tellement avantageuse que les demandes ont afflué et qu’actuellement plus de 156.000 personnes en ont bénéficié, soit un budget annuel de près de 500 millions de dinars (375 millions de dinars de salaires servis en plus de la couverture médicale).
Malgré son coût, la bourse Amal n’a pas participé à la création d’emploi, bien au contraire
Cependant, malgré son coût, la bourse Amal n’a pas permis de créer des emplois, bien au contraire, plusieurs chômeurs en ont profité pour ne pas chercher d’emploi voire en refuser. Ainsi, plusieurs chômeurs ont préféré se contenter de 200 dinars plutôt que d’accepter un emploi rémunéré entre 300 et 400 dinars, d’autres préféraient des emplois non déclarés afin de ne pas perdre leur bourse, certains ont même retiré leur inscription à l’université pour bénéficier de la bourse.
Finalement, et malgré son coût important, voire exorbitant, cette bourse n’a pas permis de créer des emplois pérennes.
A notre grand étonnement, et malgré ses effets pervers, cette bourse a été reconduite par la Troïka sans qu’aucun aménagement notable ne soit apporté et sans vraiment faire en sorte de remédier à ses effets pervers ou s’assurer de la création d’emplois pérennes.
Comment faire du programme Amal un générateur d’emplois durables
Le programme Amal est une initiative louable, cependant, il est nécessaire de le réformer de manière à obtenir des emplois durables, et cela peut se faire de différentes manières.
Les montants de bourses allouées ont certes permis aux chômeurs de subvenir à leurs besoins et de gagner en dignité, mais le montant d’une bourse accordée sans contrepartie exigée -ce qui est le cas- ne doit pas être proche des salaires que percevrait le bénéficiaire de la bourse s’il venait à être employé. La différence entre la bourse et le salaire à percevoir doit être importante de manière à ce que le chômeur soit en recherche active d’emploi afin de chercher à améliorer sa situation. Ainsi, cette bourse gagnerait à être réduite du tiers et ramener 140 dinars maximum. Cette différence de montant serait transformée en prime à octroyer au bénéficiaire lors de l’obtention d’un emploi stable dans lequel le concerné aura travaillé six mois à une année.
Une deuxième solution consisterait à allouer une partie des fonds pour la réalisation de microprojets. Ainsi, tout diplômé du supérieur qui ramènerait un étude de projet (sur 4 à 5 pages) pourrait bénéficier d’un financement pour microprojet allant jusqu’à 5.000 dinars. Si sur un total de 30.000 microprojets financés nous obtenons un taux de succès de 50% avec en moyenne 2,5 emplois par projet, cela fera 37.500 emplois pérennes pour un coût de 120 millions de dinars, soit 3.200 DT par emploi.
Une troisième solution consisterait à encourager les PME à recruter, vu qu’elles sont les véritables créateurs d’emploi à travers le monde et vu que toute nouvelle recrue n’est opérationnelle qu’après une certaine période de formation passée en entreprises. Cette période de formation est d’autant plus importante que les études ne sont pas en adéquation avec la demande du marché.
Ces encouragements se feraient par une subvention des recrutements assortie d’une prime de pérennisation à la titularisation de l’employé. Ainsi, l’Etat, à travers le programme Amal, prendrait en charge 30% du salaire (avec un plafond de 150 DT) de la première année de tout chômeur recruté par une PME. Si cet emploi est pérennisé par la titularisation de l’employé, employé et entreprise recevront chacun une prime de 500 DT. Il va de soit que toute entreprise doit justifier la non titularisation des employés et si ce taux de non titularisation est important, elle ne pourra plus bénéficier de ce programme. Certains diront que ceci est proche du programme SIVP. En réalité, il en diffère fondamentalement du fait qu’il y a en plus une incitation au recrutement, ce qui n’est pas le cas du SIVP.
De cette manière, employé et entreprise auront un intérêt à la pérennisation de l’emploi.
Espérons que ces propositions permettront d’améliorer l’emploi en Tunisie pour que ce programme soit un véritable Amal pour le Tunisien.