Sous pression, Rome taille dans la dette et tente de relancer la croissance

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érence de presse à Berlin le 13 juin 2012 (Photo : John Macdougall)

[15/06/2012 15:10:15] MILAN (AFP) De nouveau sous pression des marchés, le gouvernement italien du technocrate Mario Monti a annoncé vendredi de premières ventes d’actifs publics en vue de tailler directement dans la dette colossale du pays ainsi qu’un plan destiné à relancer la croissance.

A l’issue d’un conseil des ministres fleuve de près de cinq heures, le gouvernement a annoncé la cession de trois sociétés publiques qui permettra de dégager environ 10 milliards d’euros afin de réduire légèrement la dette colossale du pays qui s’approche des 2.000 milliards d’euros et dépasse les 120% du PIB.

Ces groupes – Fintecna, holding qui contrôle notamment les chantiers navals Fincantieri, Sace, société de crédit et d’assurance-crédit à l’exportation, et Simest, société d’aide au développement des entreprises italiennes à l’étranger – seront vendus à la Caisse des dépôts italienne. Ce qui permettra de les garder dans le giron étatique tout en réduisant l’endettement public.

Toujours en vue de tailler directement dans la dette, sans attendre que l’équilibre budgétaire prévu en 2013 ne commence à la faire reculer, Rome a décidé de mettre sur pied un fonds dans lequel seront placés “tous les immeubles publics” de l’Etat et des collectivités locales. Des immeubles qui seront ensuite “valorisés et vendus”.

Le gouvernement n’a pas donné d’estimation sur le produit de la cession de ces biens immobiliers mais le quotidien Il Sole 24 Ore, citant des “sources bien informées”, affirmait vendredi que Rome visait un total de 30 milliards d’euros de cessions d’ici la fin de l’année et de 200 milliards en cinq ans.

Notant que des “milliers” de sociétés locales de services publics (eau, déchets, etc..) pouvaient aussi être cédées, le vice-ministre de l’Economie Vittorio Grilli a toutefois assuré que le gouvernement ne comptait pas céder ses parts dans Eni (pétrole), Enel (énergie) et Finmeccanica (défense).

Evoquant sa volonté de réduire le “poids de l’Etat”, M. Monti a souhaité par ailleurs montrer l’exemple en annoncant la réduction de 20% du nombre de dirigeants et de 10% du nombre des autres fonctionnaires à la présidence du Conseil et au ministère de l’Economie, dont il est aussi le titulaire.

Alors que la cession d’actifs publics est une volonté du gouvernement Monti depuis son arrivée au pouvoir fin 2011, et avant lui du gouvernement Berlusconi, l’ex-commissaire européen a semblé vouloir accélérer sur ce sujet ces derniers jours dans un pays revenu dans la ligne de mire des marchés.

L’Italie a vu ses taux flamber mercredi et jeudi lors de deux émissions obligataires et certains analystes craignent qu’elle ne soit le prochain domino de la zone euro à tomber, à présent que l’Espagne a accepté un plan d’aide pour ses banques. Idée que M. Monti a toutefois balayé.

Hormis la dette, le gouvernement a pris des mesures vendredi sur l’autre front d’inquiétude pour l’Italie, la croissance.

Qualifié de “très robuste” par M. Monti, l’enveloppe de mesures “urgentes” adoptée vise à relancer la troisième économie de la zone euro, entrée en récession depuis la fin 2011 sous le poids de l’austérité.

Parmi ces nombreuses mesures, figurent la relance des chantiers d’infrastructures grâce à la défiscalisation des partenariats public-privé ou la simplification des aides aux entreprises qui seront regroupées dans un seul Fonds.

Le gouvernement a par ailleurs décidé d’augmenter la déduction fiscale sur les travaux de rénovation afin de soutenir le bâtiment, d’attribuer un crédit d’impôt pour l’embauche de jeunes “hautement qualifiés” ou de raccourcir les délais de la justice civile.

Selon le ministre du Développement économique, ces mesures devraient permettre d’injecter dans le circuit économique de 70 à 80 milliards d’euros de ressources publiques et privées.