La Grèce, mise en jambes pour le nouveau PDG de Carrefour avant l’AG de lundi

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un magasin Carrefour (Photo : Philippe Huguen)

[15/06/2012 18:24:45] PARIS (AFP) Le nouveau patron de Carrefour, Georges Plassat, muet depuis sa prise de fonction, a commencé à dévoiler son jeu en annonçant à trois jours de sa première Assemblée générale la restructuration des activités grecques, prélude aux difficiles chantiers qui l’attendent.

Moyennant une charge de 220 millions d’euros, le groupe va se désengager largement de Grèce où il est numéro un, en confiant l’ensemble de ses magasins à son partenaire local, qui continuera de les exploiter en franchise sous l’enseigne Carrefour.

Le mouvement est modeste, la Grèce ne représentant que 2,7% des ventes du groupe en 2011 (hors taxes), mais permet à Carrefour de limiter les risques puisqu’il n’aura plus de présence capitalistique locale.

Carrefour entend ainsi “faire face aux défis posés par le contexte économique grec”, selon un communiqué. Son partenaire Marinopoulos deviendra son franchisé exclusif en Grèce, à Chypre, en Bulgarie, en Albanie et d’autres pays des Balkans, a-t-il précisé.

Les investisseurs ont salué l’opération. A la Bourse de Paris, le titre Carrefour a clôturé sur un bond de 5,92% à 14,49 euros, dans un marché en hausse de 1,82%.

“Il s’agit d’une décision rationnelle pour arrêter les pertes (…) car il n’y avait aucun espoir visible de reprise de l’activité” dans le contexte grec, souligne Al Johnston, analyste chez Citi.

Carrefour arrête l’hémorragie mais “à un coût assez élevé”, nuance Jean-Marie l’Home, analyste chez Aurel BGC. L’opération “pourrait constituer les prémices” de ce que Georges Plassat entend annoncer pour le groupe, ajoute-t-il.

La France, les hypers et la retraite-chapeau au menu de l’AG

Certains chantiers sont déjà en cours. Carrefour a commencé à regrouper ses activités immobilières sous un seul toit, et annoncé jeudi soir l’acquisition de 129 magasins à bas prix Eki en Argentine, se renforçant ainsi sur un marché émergent clé.

Mais Georges Plassat, appelé à la rescousse pour redresser le groupe, a encore fort à faire. Lors de l’arrivée de Lars Olofsson, “les perspectives étaient déjà très sombres, elles se sont encore dégradées depuis”, selon l’analyste.

Carrefour souffre notamment d’équipes démotivées, d’hypermarchés en perte de vitesse, et de l’image de son enseigne, considérée comme chère par les consommateurs.

M. Plassat, dont l’arrivée avait été saluée par une envolée de l’action, doit surtout convaincre de sa capacité à inverser la tendance en France (43% du chiffre d’affaires) et dans le reste de l’Europe (29%).

Le plan de relance porté par son prédécesseur Lars Oloffson, qui ambitionnait notamment de rénover le format de l’hypermarché, devenu moins populaire, n’a pas donné les résultats escomptés.

Outre l’urgence stratégique — le résultat opérationnel courant a baissé de près de 20% l’an dernier –, M. Plassat pourrait affronter des actionnaires mécontents des conditions de départ offertes à Lars Olofsson.

La société de conseil aux investisseurs Proxinvest a appelé à ne pas voter le quitus aux administrateurs, regrettant que M. Oloffson parte avec une retraite chapeau, après seulement trois ans à la tête du groupe, et 1,5 million d’euros d’indemnités liées à une clause de non-concurrence.

Les syndicats aussi vont donner de la voix. La CGT a organisé un rassemblement au Carrousel du Louvre, où se tient l’Assemblée générale, pour “rappeler son opposition au démantèlement progressif du groupe entamé par Lars Oloffson”.

Lors d’une prise de contact avec les syndicats début mai, M. Plassat leur a assuré qu’aucun plan social n’était prévu, alors que FO et la CFDT avaient dit redouter 3.000 suppressions de postes.