Au moment où la Tunisie doit résoudre le problème épineux du chômage, particulièrement celui des cadres, la Banque tunisienne de solidarité “BTS“ est appelée à jouer un rôle aussi déterminant que capital et stratégique. Or, cette institution n’a actuellement pas de directeur général –l’ancien serait parti exercer dans une banque au Niger-, son adjoint préférant, pour sa part, suivrait l’activité de la banque à partir de son domicile. S’agit-il d’un “Dégage“ comme on l’entend souvent depuis un an, ou bien a-t-il été remercié en douceur ou tout simplement démotivé?
Du coup, cette inertie et l’absence d’un décideur ont fait accumuler plus de 6.000 dossiers de crédits en 2012. Ceci étant, grâce à l’équipe du crédit de la banque, la majeure partie de ces dossiers ont été traités… Mais reste le problème des grandes décisions, de la nouvelle stratégie, des nouveaux produits et même de la décision de faire des actions de maintenance, ou de nouvelles acquisitions. Ou de rechercher de nouvelles sources de financement.
La BTS est un organisme unique en Tunisie, elle a même été “clonée“ dans certains pays d’Afrique subsaharienne. Sa mission consistait à booster l’investissement individuel via la création de très petites entreprises (TPE). Son principe se base sur des crédits inférieurs à 80.000 dinars tunisiens, sur des projets de personnes et sur des projets non finançables par les banques commerciales et présentant un risque commercial et appliquant un taux d’intérêt très faible (inférieur à 5% et en deçà du taux du marché bancaire voire inférieur au seuil de rentabilité).
A noter que, bien qu’elle dispose d’un système d’information qualifié par certains de très fiable, la BTS n’a que 70% taux de recouvrement de ses crédits et créances, et que ce taux a été dégradé depuis la révolution du 14 janvier 2011. Poussant les promoteurs à se soustraire à l’obligation de remboursement.
Il faut aussi souligner que, grâce à la Libye, la situation du marché de l’emploi s’est bien améliorée, notamment pour les artisans et les ouvriers qualifiés qui ont migré en masse vers ce pays, attirés qu’ils sont par un salaire journalier pour un peintre de bâtiment, à titre indicatif, de 70 dinars libyens, soit l’équivalent de 95 dinars tunisiens par jour de travail.
Reste cependant le problème épineux des diplômés du supérieur ou des pseudo-diplômés, qui ont dans leur majorité, une très mauvaise formation –même si ce n’est pas de leur faute-, ou dont les diplômes pour la majorité littéraire ne sont pas en adéquation avec le marché de l’emploi ayant pour besoin de compétences dans l’expertise, les TIC, la maîtrise des langues étrangères, etc.
Malgré toutes ses lacunes, la BTS est à même de constituer une très bonne solution pour ces diplômés, et ce en les incitant à lancer leur projet. Cependant, il y a toujours “un mais“ : on note parfois de l’incohérence ou de dysfonctionnements du système, ce qui laisse plusieurs jeunes promoteurs sur la touche. Pour illustrer notre propos, on va prendre l’histoire vécue par un jeune promoteur de la région du Cap-Bon, diplômé du supérieur, à savoir une maîtrise en gestion, et qui, après 4 ans de chômage, a décidé, avec un ami, de lancer un projet avicole à Grombalia.
Muni de son diplôme, il entreprend une étude très sérieuse de marché et un business plan validé par un bureau d’études. En plus de la cartographie agricole, vue que l’activité avicole en Tunisie obéit à une législation très stricte en termes d’implémentation avec des zones “rouges“ et d’autres “bleues“ et une contrainte réglementaire et sanitaire.
Il choisit alors Grombalia, fait son étude, réunit 30% de l’investissement, crée une société, loue des locaux, les prépare pour son activité, et puis décide de recourir à la BTS pour avoir un crédit de 130.000 dinars tunisiens, avec son ami-associé. Mais passage obligatoire par l’APIA. Voici la réponse qui lui a été donnée par l’Agence de promotion de l’investissement agricole. Nous la reproduisons telle qu’il nous l’a communiquée.
“Je vous informe que l’APIA m’a dit qu’il faut tout changer: les devis, le contrat de location, l’audit du CRDA… tous ces papiers sont au nom de la société, il faut qu’ils portent mon nom seulement! Cela prendra une voire deux semaines. Entre temps, j’ai postulé ma demande de crédit auprès de la BFPME (Banque de financement des petites et moyennes entreprises), en attendant que mes papiers soient prêts, sait-on jamais, peut-être que cette dernière m’accordera le prêt!…“
On peut naturellement supposer que si la BTS avait une direction capable de prendre des décisions, de manière rapide, nos deux jeunes auraient créé leur projet, et par ricochet d’autres emplois… En somme, des clients potentiels de la banque.
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