ège de JPMorgan à New York (Photo : Timothy A. Clary) |
[18/06/2012 12:39:10] WASHINGTON (AFP) L’assainissement des pratiques de la finance, enjeu des premiers sommets du G20, a marqué le pas, alors que les objectifs de coordination des régulateurs et de transparence des marchés appellent encore bien des efforts, comme l’a prouvé l’affaire JPMorgan.
Ce groupe de pays riches et émergents a l’habitude de lancer à chaque rencontre de ses chefs d’Etat et de gouvernement des appels vibrants en faveur d’une surveillance étroite contre les excès de la finance. Et Los Cabos ne devrait pas échapper à la règle.
Le sujet reste brûlant, entre la bourde sur les marchés de JPMorgan, qui lui a coûté 2 milliards de dollars, et les problèmes lancinants des banques espagnoles, toujours malades de leurs excès dans le prêt immobilier.
JPMorgan est une parfaite illustration de la marge de progression de la régulation internationale de la finance: une banque américaine qui a pris des positions démesurées sur des marchés de dérivés opaques dans des opérations menées depuis Londres. Ces positions, les régulateurs américains en ont pris connaissance en lisant le Wall Street Journal.
Toutefois, la transparence dans les dérivés n’est pas pour tout de suite.
L’Union européenne, qui se veut en pointe sur la question, a indiqué fin mai qu’elle ne tiendrait pas son engagement de rendre obligatoire au 1er janvier le passage des transactions sur les dérivés par une chambre de compensation. Et les Etats-Unis progressent lentement sur le sujet.
Le Conseil de stabilité financière, un forum de régulateurs financiers, propose au G20 de donner un identifiant standardisé à ces produits dérivés. Il reconnaît aussi combien il va être difficile de faire adhérer le secteur privé à ce projet titanesque.
La présidence mexicaine du G20 n’a généralement pas fait de la régulation financière une de ses priorités.
Passé de mode
D’autre part, après les déclarations des sommets, le suivi est plus problématique. Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire s’en est inquiété, dans un rapport publié à une semaine de Los Cabos.
“Il y a une possibilité que la mise en oeuvre nationale soit plus faible que les normes qui ont fait l’objet d’un accord mondial dans certains domaines-clés”, a écrit ce comité de banques centrales.
“Le Comité de Bâle exhorte les dirigeants du G20 à appeler les différents pays à tenir leurs engagements pris [en novembre lors d’un sommet] à Cannes de mettre en oeuvre Bâle III en intégralité et de manière cohérente, ainsi que conformément au calendrier convenu”, a-t-il ajouté.
“Bâle III” est un accord conclu en 2010 pour renforcer les ratios de fonds propres des banques, pièce essentielle de l’édifice pour éviter la réédition de crises financières.
Or une partie non négligeable du G20 est encore en pleine crise financière, à commencer par l’Espagne, qui n’est pas formellement membre du groupe mais sera invitée par le Mexique.
Le secteur financier demande à se concentrer non sur la prévention de la prochaine crise, mais sur la résolution de l’actuelle. Et donc de freiner l’application de Bâle III, qui incite des banques à se défaire d’activités.
“Le désendettement, dans beaucoup d’institutions financières européennes et dans l’économie européenne en général, est allé trop loin”, justifiait au début du mois le directeur général de l’organisation bancaire mondiale IIF, Charles Dallara.
D’autres sujets du ressort du G20 avancent lentement aussi.
L’idée de réguler les rémunérations semble passée de mode dans beaucoup de pays. Le G20 l’avait lui-même reconnu à Cannes, et il est peu probable qu’elle ait encore de l’écho à Los Cabos.