Gîtes ruraux-hôtels de charme-chambres d’hôte, c’est la trilogie du tourisme alternatif ou «complémentaire» comme préfère l’appeler Khaled Trabelsi, directeur central de l’investissement et du produit à l’Office national du tourisme tunisien (ONTT). Le tourisme alternatif se distingue par son emplacement ou implantation, les spécificités de ses établissements et la clientèle ciblée, laquelle est proche de la nature, avide de se rapprocher de la population locale et de connaitre ses us et coutumes, a expliqué le responsable au cours d’un entretien accordé à la TAP.
Au plan emplacement, ce tourisme alternatif doit mettre en exergue les potentialités forestières, agricoles et désertiques de la Tunisie. Ainsi un gîte rural ne peut se trouver que dans un milieu rural, à l’image d’une exploitation agricole et dans des sites à potentialités naturelles et culturelles.
L’hôtel de charme est un établissement construit dans un immeuble ou un environnement caractérisé par une valeur architecturale et touristique spécifiques, tel que la Médina de Tunis. L’offre de services y est personalisée et le client bien choyé.
Enfin, toute unité d’hébergement dont une partie de ses chambres est mise à la disposition des touristes, par son propriétaire, est dénommée chambre d’hôte. Dans ce cas précis, le client est en contact direct avec le propriétaire des lieux et un échange culturel s’ensuit. “Il ne s’agit plus d’une unité hôtelière où le résident n’est qu’un numéro de chambre”, affirme le responsable.
Ces nouveux types d’hébergement touristique viennent s’ajouter aux unités hotelières, situées le long des côtes tunisiennes (Bizerte, Nabeul, Monastir, Zarzis, Djerba…) lesquelles offrent un produit balnéaire, développé depuis les années 70, mais dont certaines ne répondent plus aux exigences d’une nouvelle catégorie de touristes. Ils s’adressent donc à une clientèle qui a d’autres préoccupations, à part le bronzage, et accorde, de ce fait, une grande importance aux vieux noyaux urbains de la Tunisie, tels que la Médina.
Les touristes paient en conséquence pour vivre dans une demeure ancienne se caractérisant par son architecture et son décor arabo-musulmans (alcôves, voûtes, bit hajjem, skifa..). “C’est une autre niche différente de celle du tourisme de masse et que nous commençons à peine à aborder”, a avancé M. Trabelsi.
Pour ce qui est de l’animation, celle liée au balnéaire comporte des activités nautiques (parachute, jet-ski…) alors que celles pratiquées dans le cadre du tourisme alternatif sont, à titre d’exemple, le VTT (velo tout terrain), les randonnées, les circuits pédestres et l’offre de produits biologiques du terroir.
Insérer l’activité touristique sur tout le territoire
Un cadre réglementaire plus souple et des plans d’aménagement du territoire plus adaptés permettraient cette insertion tant souhaitée. Expliquant l’état des lieux, M. Trabelsi a précisé que toute activité touristique, en dehors des zones touristiques, exige, en effet, l’intervention des autorités chargées de l’aménagement du territoire et des ministères concernés. Ainsi, une législation, à l’instar de celle régissant les terres agricoles interdit toute activité autre qu’agricole et l’on ne peut donc y implanter un gîte rural. Il en est de même pour les forêts dont le code n’autorise pas l’urbanisation.
Par ailleurs, les municipalités ne considèrent nullement les activités résidentielles comme une activité touristique. D’où les difficultés d’établir une telle activité sur l’ensemble du territoire, celle-ci n’étant pas supposée exister hors des zones touristiques, au vu des législations en vigueur.
Des efforts sont donc déployés pour inciter à l’intégration de l’activité touristique dans les plans d’aménagement du territoire afin “d’éviter le blocage et de ne pas handicaper l’avenir”, a-t-il dit. Et d’ajouter: “nous soutenons les actions du ministère de l’agriculture en matière de préservation des terres agricoles mais la guerre dure toujours pour pouvoir intégrer des gîtes ruraux sur ces terres dont le potentiel pourrait ainsi être valorisé”…
Une législation régissant les chambres d’hôte, les gîtes ruraux et les hôtels de charme, appelés à véhiculer la nouvelle image de marque du tourisme tunisien, est donc fin prête. A ce titre, les trois cahiers de charges relatifs à cette nouvelle typologie d’hébergement et à l’élaboration desquels ont été associées toutes les parties concernées par le tourisme alternatif, notamment les associations, à savoir Dar Dhiafa et l’Association pour la promotion du tourisme alternatif en Tunisie (APTAT) paraîtront incessemment, a déclaré M. Trabelsi.
L’objectif est d’aboutir à un produit bien défini, à savoir des petites unités confortables et préservant l’environnement. Malgrè le vide juridique, des agréments ont été accordés pour la réalisation de projets du tourisme alternatif, en attendant la parution des nouvelles règlementations. Deux gîtes ruraux, des chambres d’hôte et deux hôtels de charme ont d’ores et déja été agréés. Toutefois, a déploré M. Trabelsi, plusieurs promoteurs d’activités touristiques assurant que celles-ci s’inscrivent dans le cadre des nouveaux types d’hébergement touristiques continuent à “travailler dans le noir”.
Première action promotionnelle du tourisme alternatif
Se félicitant de l’ouverture nouvelle du secteur du tourisme sur les associations, M. Trabelsi a indiqué que le premier salon du tourisme alternatif sera organisé, les 23 et 24 juin 2012 au village KEN, à Bouficha (gouvernorat de Sousse). Souheil Mouldi, président de l’Association de l’APTAT, organisatrice de ce premier week-end du tourisme alternatif, a défini, dans une déclaration, à la TAP, le tourisme alternatif comme étant “l’opposé du tourisme de masse et s’intéressant notamment à la gastronomie, à la culture, à l’archéologie, au patrimoine, à la musique, à l’artisanat et au logement chez l’habitant”.
Il s’agit également d’un tourisme de proximité accordant un intérêt particulier aux populations locales. Toutefois, a-t-il dit, “son évolution, en Tunisie, a été lente par rapport à d’autres pays en raison de l’adaptation tardive aux changements rapides que le marché mondial du tourisme connaît”. Dès lors, il y a lieu d’assurer à ce créneau un rythme de développement soutenu et de ne pas faire les mauvais choix d’antan, tel que le bradage des prix. L’objectif du premier salon du tourisme alternatif est donc de contribuer à sortir le tourisme tunisien de sa monotypie, de développer de nouveaux produits valorisant les ressources culturelles du pays, en général, et des régions de l’intérieur en particulier.
Cette manifestation regroupera tous les intervenants dans le secteur du tourisme alternatif, tels que les propriétaires des maisons d’hôte et de gîtes ruraux. Le salon comportera une composante commerciale devant mettre en contact direct les producteurs et leurs clients potentiels nationaux et internationaux. Un large programme d’animation est prévu à l’occasion de ce week-end (concerts de piano, spectacles de magie, contes pour enfants, démonstrations de jeux traditionnels…) ainsi que des ateliers (tapisseries, poterie modelée, initiation à la randonnée, géo tourisme..).
Des conférences seront également présentées et auront pour thèmes “les géosites, les géoparcs et le géotourisme et leur impact économique sur le développement durable”, “le tourisme archéologique en Tunisie, passé, actualités et perspectives dans les écrits universitaires tunisiens”.
WMC/TAP