çais (Photo : Thomas Coex) |
[19/06/2012 17:54:15] PARIS (AFP) La France a cédé à l’Allemagne en 2011 la deuxième place qu’elle occupait depuis dix ans en Europe en nombre d’implantations internationales, selon un baromètre du cabinet d’audit Ernst and Young sur l’attractivité de l’Hexagone.
Les implantations internationales ont reculé de 4% en France l’an dernier, à 540 contre 597 en Allemagne (+7%). Le Royaume-Uni, malgré une baisse de 7%, reste largement en tête avec 679 projets.
“Incontestablement, 2011 n’est pas un excellent cru pour la France et son attractivité internationale: l’Allemagne lui ravit la deuxième place du podium européen, recueillant ainsi les fruits d’une stratégie obstinée de compétitivité assortie d’une politique d’image efficace”, commentent les auteurs de l’étude.
Sur le continent au sens large (incluant notamment la Russie et la Turquie) la progression se poursuit (+4%, à 3.906).
Mais, “note surprenante”, la France s’arroge la première place du palmarès des implantations industrielles (170 projets manufacturiers en 2011, pour 7.800 emplois nouveaux, contre 121 en Allemagne et 92 au Royaume-Uni), précise Ernst and Young.
“Nouveau souffle ou souffle court?”, s’interrogent dans un éditorial le président d’Ernst and Young France, Jean-Pierre Letartre, et l’associé Marc Lhermitte.
“Les décideurs interrogés expriment clairement que la France est à la croisée des chemins”, poursuivent-ils, estimant que la pays est “près de se laisser distancer, à seulement jouer la défense acharnée de son patrimoine économique et social, le fameux +modèle français+”.
La France devrait au contraire entrer dans “la bataille pour une économie plus entrepreneuriale et plus innovante”, estiment-ils.
Au total, 43% des investisseurs interrogés estiment que le pays est moins adapté à la mondialisation que ses concurrents, une critique qui de plus émane en premier lieu de ceux qui sont déjà implantés en France (56%).
“La France n’a pas encore pris la mesure des bénéfices de la mondialisation”, a résumé M. Lhermitte, dans un entretien accordé à l’AFP, alors que “l’Allemagne dit clairement ce qu’elle est et où elle va”.
Deux constats préoccupants pour le potentiel du pays à l’avenir sont faits. D’une part, “l’Hexagone séduit moins les investisseurs des pays à forte croissance et attire moins les investissements d’avenir (recherche et développement notamment) que ses deux grands voisins”.
D’autre part, il “peine à convaincre que le niveau de formation de ses diplômés de l’enseignement supérieur est à la hauteur de ses ambitions: deux investisseurs étrangers sur trois considèrent que l’Hexagone ne fait pas la différence sur ce critère par rapport à ses concurrents”.
Les auteurs ont observé l’an dernier “un resserrement des projets d’implantations sur un arc nord-centre européen qui va de l’Irlande à la Russie en passant par le Royaume-Uni, le Benelux, l’Allemagne et la Pologne”. La France et l’Espagne gardent une place dans cet ensemble mais y sont les deux seuls pays qui “avec la crise et ses ravages sont moins attractifs que par le passé”, avertit l’enquête.
Néanmoins, pour 70% des investisseurs, la France reste, pour leur entreprise, une implantation adaptée à ce qui “exprime une certaine capacité de résilience” du pays “face à la crise”, selon l’étude.
Le baromètre se fonde sur l’analyse des flux d’investissements étrangers en Europe et en France et sur des entretiens par téléphone avec 205 dirigeants d’entreprise réalisés du 21 février au 7 mars dans 26 pays différents.