ésente la tablette Surface à la presse, le 18 juin 2012 à Hollywood (Photo : Joe Klamar) |
[19/06/2012 17:33:20] SAN FRANCISCO (AFP) L’entrée de Microsoft sur le marché de la tablette avec Surface, à la manière de son grand rival Apple, est un pari qui révèle la frustration du groupe à l’égard de son concurrent comme de ses partenaires fournissant le matériel utilisant ses logiciels.
L’enjeu est de taille pour Microsoft: tenter de détrôner, ou au moins de rattraper, la firme de Cupertino qui s’est taillé une part dominante avec son iPad, lancé en 2010.
“Cela montre combien il se préoccupe d’Apple et de la menace qu’il représente pour son écosystème aujourd’hui”, déclare à l’AFP l’analyste Michael Gartenberg, du cabinet Gartner.
“C’est comme si (le patron de Microsoft Steve) Ballmer misait tous ses jetons et pariait très gros dessus”, ajoute-t-il.
Microsoft a dévoilé lundi sa tablette, baptisée Surface, dans deux versions, l’une sous le nouveau système d’exploitation Windows RT, l’autre sous Windows 8 Pro.
D’une épaisseur de 9,3 mm, la version “light” sous Windows RT fonctionne avec un processeur Nvidia d’architecture ARM, du type de ceux utilisé dans les téléphones et tablettes, et dispose d’un capacité de stockage de 32 ou 64 gigaoctets. Un autre modèle sous Windows 8 Pro, avec un processeur Intel habituel dans les ordinateurs et plus de mémoire, devrait sortir ultérieurement.
Pour les deux modèles, Microsoft a prévu une couverture en couleur qui fait également office de clavier, et des ports USB.
Dans un style largement inspiré de son rival, Steve Ballmer a déclaré, lors d’un événement organisé dans des studios photos d’Hollywood, à Los Angeles, que ce concurrent de l’iPad était conçu “pour travailler et pour jouer”.
ésente la tablette Surface à la presse, le 18 juin 2012 à Hollywood (Photo : Joe Klamar) |
D’après les spécialistes, Surface a les ingrédients du succès: de bonnes caractéristiques techniques, un écran de grande qualité, un magasin en ligne pour acheter des applications, et le même catalogue de films, de musique et d’autres contenus disponible via les autres appareils Microsoft comme le baladeur Zune et la console de jeux Xbox.
“Ca a l’air d’être un beau produit, bien conçu et bien pensé”, commente Stephen Baker, de NPD Group.
Microsoft a au début du mois annoncé la création du logiciel SmartGlass qui permet aux tablettes d’être reliées avec sa console de jeux Xbox 360. Il a aussi investi plus de 500 millions de dollars dans la librairie numérique Nook, du distributeur américain Barnes & Nobles.
Enfin, dernier atout, Microsoft possède également le service de téléphonie via internet Skype, leader du secteur.
Microsoft est ainsi à première vue extrêmement bien armé pour lancer Surface avec succès, même si l’échec du Zune, qui en cinq ans n’a jamais pu s’imposer face à l’iPod, incite à la prudence.
Pour l’expert indépendant Rob Enderle, “c’est l’occasion pour Microsoft de montrer qu’il a tiré les leçons” de ses déboires, y compris celui du Zune, victime d’investissements insuffisants. “Avec les ressources qu’il faut, cela peut marcher cette fois”.
Selon les analystes, un échec de Surface serait bien plus grave que celui du Zune, dans la mesure où les tablettes semblent bien parties pour éclipser les ordinateurs de bureaux.
“Les fabricants estiment que les PC ne comptent plus autant et que la tablette, c’est l’avenir”, relève M. Enderle, rappelant au passage que le fondateur de Microsoft Bill Gates l’avait lui-même prédit il y a une dizaine d’années.
Mais aux yeux de Sarah Rotman Epps, du cabinet Forrester, Microsoft pourrait être son “propre ennemi” s’il compliquait son offre en multipliant les diverses options de configuration.
Stratégie clé copiée sur Apple, Microsoft a cette fois décidé de maîtriser toute la chaîne, quitte à faire de ses partenaires historiques des concurrents.
“Cette histoire a des airs +Apple-esque+ et la seule entreprise à savoir faire du Apple, c’est Apple”, souligne M. Gartenberg.
Faute d’annonces sur la date et le prix de lancement, il n’y a qu’à “attendre et voir”, conclut-il.