La société du savoir, on l’avait découvert lors du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) est la société de l’intelligence. Et, «l’intelligence» se profile comme la matière première de la création de richesses, demain. Et voilà qu’on découvre que la concurrence en TIC est le catalyseur de cette richesse.
La Tunisie se classe 50ème dans le monde en matière de TIC. Elle est première sur le continent, quoique durement challengée par le Maroc et l’Afrique du Sud. Le pays a donc une réputation à défendre. C’est ce qu’on a découvert lors de la table ronde organisée par la Banque mondiale mardi 19 juin, en présence de représentants des opérateurs de téléphonie, des FSI (Fournisseurs de Services Internet), de représentants de l’autorité de régulation (ATI, INT) et d’experts divers. A l’issue de cette rencontre, on sort avec l’idée qu’autant le pays s’est engagé, à fond la caisse, dans la promotion de l’industrie des TIC, autant il marque le pas, ces derniers temps. Qu’est-ce qui a bien pu manquer? La concurrence a-t-elle fait défaut?
PIB – Haut débit : Une relation de cause à effet
Il faut savoir qu’une progression de 10% de l’ADSL, c’est 1,4% de croissance du PIB. On a pu l’éprouver dans les pays durement touchés par la crise 2008-2010. Tel la Grèce et l’Espagne. Oui, alors que les secteurs de l’économie réelle battaient en retraite, les niches d’activités adossées aux TIC ont enregistré, pour leur part, des taux de croissance affolants atteignant parfois 150%. A bon entendeur, action!
On est prévenus. Le miracle vient de pays qui n’ont pas les faveurs des pronostics. Les PECO, durement handicapés dans la course au rattrapage avec leurs compétiteurs d’Europe de l’Ouest, ont pris un raccourci, formidable. Ils ont joué le basculement vers les TIC, à tout va. Des pays comme la Roumanie, la Lettonie ou la Bulgarie coiffent au poteau des pays comme la France ou l’Allemagne en matière de fluidité et puissance de l’ADSL. Et, tenez-vous bien, de tarification. Ces pays ont atteint une telle vitesse de croisière en matière d’ADSL qu’ils ont récolté de sérieux effets en retour d’investissement. Les IDE se bousculent chez eux. Un rapide coup d’œil lors de la projection de l’un des slides montrait que la Tunisie est bien équipée sur son littoral mais que c’était le désert pour les régions de l’intérieur. Ce qui n’est pas du meilleur effet. Cela pénalise les agents économiques locaux, qui essuient un handicap de compétitivité. Et, ça n’encourage pas les investisseurs étrangers à s’y installer, soutiennent les experts.
PIB – concurrence des les TIC : un saut de pallier garanti
L’autre révélation, et non des moindres, est que la concurrence a un impact garanti sur la croissance économique, affirment haut et fort les experts. L’avantage est que cela se mesure. La concurrence induit un point de croissance. Pour un pays comme la Tunisie, c’est 15.000 emplois nouveaux à la clé. Et ce parmi les diplômés du supérieur. Qu’est-ce que vous dites de ça? A l’heure actuelle, dans notre pays, les communications à l’international demeurent sous le monopole de Tunisie Télécom. La libéralisation de ce pan d’activités, soutiennent les experts, pourrait contribuer à faire baisser les prix de 50 à 80%. Bien entendu, au vu de l’élasticité du marché, le boom des flux de communication serait conséquent et compenserait largement les opérateurs en matière de recettes. On aurait une croissance du chiffre d’affaires. Cette baisse de tarification ne serait pas sans retentissement sur le volume des affaires.
Les conditions de la concurrence
La concurrence a du bon, c’est prouvé. Mais elle exige certaines conditions nécessaires. La diversité des opérateurs en est une. On observe que les PECO autorisent, en moyenne, 10 opérateurs. Ce n’est pas le cas pour les autres pays du pourtour méditerranéen où la moyenne est inférieure à quatre. En Tunisie, ils sont trois à se partager le marché. La pluralité des opérateurs est une protection contre toutes les ententes tarifaires et elle est le moteur de la course à la compétition. Qu’on en juge. Le coût de la minute à l’international est de 40 cents de dollar en Tunisie, en coût de génération chez TT. Il est dix fois moins cher en Bulgarie, à titre d’exemple. C’est pareil pour la bande passante. Le coût pour le haut débit serait de 17 dollars pour la Tunisie et à peine 60 cents pour la Bulgarie. Les économies d’échelle sont parlantes d’elles-mêmes.
La deuxième condition est l’infrastructure. La question est de savoir si les autres opérateurs sont disposés à investir en matière de réseau. Pour l’international, on ne peut faire l’économie d’un câble avec l’Europe qui sert de hub, dans notre situation géographique. Les opérateurs sont-ils disposés à investir ou faut-il s’adresser à d’autres, via appel d’offres? La question sera tranchée sous peu, puisqu’un nouveau code des télécoms est en préparation et qu’il sera édité en 2013.