Tunisie : L’indépendance de la BCT n’est pas liée à la personne du gouverneur

Par : TAP

Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, a affirmé que “l’indépendance de la BCT n’est pas liée à la personne de son gouverneur, mais plutôt à l’indépendance de l’institut d’émission dans la gestion de la politique monétaire du pays”. Selon lui, cette indépendance n’est pas une autorité individuelle, mais consiste, plutôt, en “la bonne gestion technique de la politique monétaire”.

Il s’agit aussi, d’après le premier responsable de la BCT, de “la possibilité donnée au Parlement de demander des comptes au gouverneur de la Banque centrale”, pratique exerxée par la plupart des démocraties du monde.

Rappelons que mardi 19 juin, lors de son audition par la Commission des finances, de planification et du développement à l’Assemblée nationale Constituante (ANC), M. Nabli a indiqué que l’élaboration de la politique monétaire en Tunisie est l’une des missions du Conseil d’administration de la BCT, qui regroupe des représentants du gouvernement et des universitaires spécialisés en la matière.

Ce CA se réunit une fois par mois pour faire le suivi de la politique monétaire dans le pays et décider des réformes nécessaires en fonction de la conjoncture économique; et suite à cette réunion, le conseil publie un communiqué sur la situation économique et financière du pays et décide de changer ou de maintenir inchangés les taux d’intérêt.

La politique monétaire adoptée, actuellement, par la BCT, est ouverte à tout changement en fonction des circonstances et de la conjoncture économique et financière dans le pays, a encore Kamel Nabli.

Sur un autre plan, le gouverneur de la BCT a affirmé que la préservation de la stabilité des prix représente un objectif principal pour la politique monétaire de la BCT, et ce conformément à l’article 34 de son statut de l’année 1958, qui lui accorde la prérogative de contrôler les institutions de crédit.

En réponse à la question d’un député, M. Nabli a démenti que la banque ait procédé, intentionnellement, à “perturber l’action du gouvernement”, relevant que l’institution avait, au contraire, averti le gouvernement “à plusieurs reprises et attiré son attention, depuis mars 2012, sur les éventuelles répercussions de la crise dans la Zone Euro sur l’économie tunisienne”.

Bonne gouvernance dans le secteur bancaire

M. Nabli a précisé que l’Institut d’émission est déterminé à ancrer les fondements de la bonne gouvernance dans le secteur bancaire tunisien, comme le démontre du reste la circulaire en la matière, publiée en juin 2011. 

Pour assurer cette bonne gouvernance, la BCT ne doit pas intervenir, d’après lui, dans le recrutement des premiers responsables, que ce soit des banques publiques ou privées, précisant que ceci aura pour avantage de garantir un meilleur contrôle.

Il a évoqué, par la même occasion, les créances classées, dont le montant a atteint, jusqu’à fin 2011, plus de 7 milliards de dinars, soit 13% de l’ensemble des crédits, indiquant que ces créances alourdissent les charges du secteur bancaire.

Sur la corruption au sein de la BCT, M. Nabli a indiqué qu’il s’agit de “racontars sans fondements et de fausses prétentions”, exhortant les députés à présenter des preuves tangibles sur les opérations de corruption.

En ce qui concerne les transferts suspects d’argent pour le compte de Tunisair, le premier responsable de l’Institut d’émission a fait savoir que ce transporteur aérien dispose de bureaux installés dans de nombreux pays et a demandé des avances pour le paiement de certaines opérations dans les dues règles. Cependant, M. Nabli a souligné que des équipes d’inspection ont été dépêchées sur place (à Tunisair) pour élaborer des rapports de contrôle financier, et s’il confirmation d’infractions, le dossier sera soumis aux instances judiciaires.

WMC/TAP